Monday, July 29, 2024

 

Massacre de Thiaroye : le premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, estime que ce n’est « pas à la France de fixer unilatéralement le nombre d’Africains trahis et assassinés »

La mention « morts pour la France » a été attribuée par une décision datée du 18 juin à six tirailleurs exécutés sur ordre d’officiers de l’armée française à Thiaroye en 1944.

Le Monde avec AFP
Publié le 27 juillet 2024 à 22h36

Ousmane Sonko s'adresse à ses militants depuis le toit de sa voiture lors du premier jour de campagne pour l’élection présidentielle, dimanche 3 février 2024, dans la commune de Ngor, à Dakar. MATTEO MAILLARD

Le premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a réagi dimanche 28 juillet à la décision de Paris de reconnaître « morts pour la France » à titre posthume six tirailleurs exécutés sur ordre d’officiers de l’armée française à Thiaroye en 1944.

« Je tiens à rappeler à la France qu’elle ne pourra plus ni faire ni conter seule ce bout d’histoire tragique. Ce n’est pas à elle de fixer unilatéralement le nombre d’Africains trahis et assassinés après [qu’ils ont] contribué à la sauver, ni le type et la portée de la reconnaissance et des réparations qu’ils méritent », a déclaré Ousmane Sonko sur ses réseaux sociaux, signant son message comme chef du parti Pastef-Les Patriotes et non du gouvernement.

Au matin du 1er décembre 1944, au camp militaire de Thiaroye (ville située non loin de la capitale sénégalaise, Dakar), des troupes coloniales et des gendarmes français avaient tiré sur ordre d’officiers de l’armée française sur des tirailleurs rapatriés qui réclamaient leurs arriérés de solde.

Selon le bilan dressé par les autorités françaises à l’époque, au moins trente-cinq tirailleurs avaient trouvé la mort, sur place ou des suites de leurs blessures. Ce chiffre est, encore aujourd’hui, sujet à controverse, des historiens l’estimant beaucoup plus élevé. Le lieu d’inhumation des soldats tués, dans des tombes individuelles ou des fosses communes, à Thiaroye ou ailleurs, fait également débat.

Attribution de la mention « morts pour la France »

Le traumatisme et le souvenir de ce massacre sont toujours vifs au Sénégal et sur le continent africain. M. Sonko, chantre d’un souverainisme et panafricanisme social, demande « au gouvernement français de revoir ses méthodes, car les temps ont changé ».

« Pourquoi cette subite “prise de conscience” alors que le Sénégal s’apprête à donner un nouveau sens à ce douloureux souvenir, avec la célébration du 80e anniversaire cette année ? », s’interroge-t-il. « Thiaroye 44, comme tout le reste, sera remémoré autrement désormais », assure-t-il.

La mention « morts pour la France » a été attribuée par une décision datée du 18 juin à ces six tirailleurs par l’Office national français des combattants et des victimes de guerre (ONaCVG).

Elle concerne « quatre tirailleurs originaires du Sénégal, un de Côte d’Ivoire et un de Haute-Volta » (devenu le Burkina Faso). Cette première décision « pourra être complétée dès lors que l’identité exacte d’autres victimes aura pu être établie », a précisé le secrétariat d’Etat français chargé des anciens combattants et de la mémoire.

Le Monde avec AFP

Massacre de Thiaroye : le premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, estime que ce n’est « pas à la France de fixer unilatéralement le nombre d’Africains trahis et assassinés » (lemonde.fr)

Thursday, July 25, 2024

 JO 2024: Oumar Diémé, ancien tirailleur sénégalais, porte la flamme olympique en Seine-Saint-Denis

Publié le : 25/07/2024 - 00:03

C'est avec fierté que Oumar Diémé, 92 ans, va porter la flamme olympique en Seine-Saint-Denis, département où il a vécu de nombreuses années avant de rentrer sur sa terre natale, en Casamance, au Sénégal. Ancien tirailleur sénégalais, il a combattu dans les troupes coloniales en Indochine et en Algérie, et pour ce spécialiste du pentathlon, porter la flamme, ça se prépare !

Oumar Diémé, ancien tirailleur sénégalais et porteur de la flamme olympique en Seine-Saint-Denis, est entouré de son fils (El Hadji Diémé) et de sa petite-fille (Souadou Diatta).

Boubou flambant neuf d'un bleu éclatant, agrémenté de quelques médailles, chéchia rivée sur la tête, Oumar Diémé, ancien tirailleur sénégalais, a les yeux qui pétillent. Il vit un rêve éveillé : « Je ne m'attendais pas à cela, j'étais au comble de la joie. Mais compte tenu de mon âge, je souhaite être accompagné par un de mes enfants ». Et c'est El Hadji Diémé, son fils, qui l'accompagne, mais pas question qu'il l'aide à porter la torche olympique : « Le vieux, il est solide ! (rires) Parce que lui, il passe tout son temps à marcher. Là-bas, au village, chaque matin, il sort et marche pendant cinq kilomètres. Donc, je pense que porter la flamme pour faire 100 mètres, ce n'est pas un problème pour lui. »

Indochine, Algérie, Oumar Diémé a combattu au sein des troupes coloniales. Ancien spécialiste du pentathlon militaire, il se prépare à porter la torche : « Je vais commencer à faire des déplacements ou des mouvements pour garder la forme. J'étais sportif, je faisais le pentathlon. 3 000 mètres, 40 kilomètres... Mais surtout, le parcours du combattant. » Il sourit. Pour lui, ce sont de bons souvenirs.

En portant la flamme, Oumar Diémé aura une pensée pour ses frères d'armes : « Je pense à mes collègues combattants qui sont tombés dans les conflits, en Indochine, en Algérie, en Allemagne, un peu partout dans le monde et qui ne sont plus. Je pense beaucoup à eux. D'autres sont encore là, mais ils ne peuvent plus bouger parce qu'ils sont malades. Je leur souhaite une bonne guérison. »

Un événement que l'ancien tirailleur sénégalais partage en famille

Aux côtés d'Oumar Diémé se tient l'une de ses petites filles, Souadou Diatta, à qui il a transmis son histoire : « On est très fiers, très contents de ce qui lui arrive, de ce qui arrive à notre famille, parce qu'on n'aurait jamais imaginé que ce jour arrive. Je suis assez surprise d'ailleurs. »

Pour sa petite fille, le symbole est important : « Pour ma part, je pense que c'est une très bonne chose d'avoir fait appel à un tirailleur sénégalais qui est un personnage assez important en France, parce que les tirailleurs sénégalais, ils ont quand même libéré la France. Je pense qu'ils ont aussi besoin de cette reconnaissance, même si elle est assez tardive. Enfin, mon grand-père fait partie des derniers, donc je pense que c'était quand même le moment de leur rendre hommage. »

Cet événement s'inscrit désormais dans l'histoire familiale : « J'essaye un peu d'écrire pour ne pas oublier moi-même et pour pouvoir aussi la raconter à mes enfants. Aujourd'hui, il porte la flamme, c'est encore quelque chose que je pourrai ajouter. Je pense que c'est important de garder tout ça en mémoire. »

Porter la flamme en Seine-Saint-Denis, un moment de grande fierté pour Oumar Diémé.

JO 2024: Oumar Diémé, ancien tirailleur sénégalais, porte la flamme olympique en Seine-Saint-Denis - Reportage France (rfi.fr)

On a vu à Avignon

Le colonel Barbaque  une passion africaine

Récit de laurent Gaudé, interprété par Vincent Barraud, mis en scène par Vincent Barraud et Joël Lokossou


Le colonel Barbaque, une passion africaine (festivaloffavignon.com)


Présentation du récit

Le soldat Quentin Ripoll a survécu à la Grande Guerre. Lorsqu’il retrouve la vie civile, il est comme aimanté par l’Afrique. Il veut voir les terres de M’Bossolo, ce camarade qui l’a sauvé sur le front avant de périr misérablement de la grippe espagnole. En Afrique, il découvre la soumission des Noirs et il se transforme alors en Colonel Barbaque, figure démente qui harcèle les comptoirs français, véritable dieu de la guerre qui défie la vieille France et sa morgue coloniale.
Le colonel Barbaque figure dans le recueil de récits Dans la nuit Mozambique.

 



Ces soldats africains de Bretagne reconnus « Morts pour la France », 80 ans après


Nota : Armelle Mabon précise qu’elle n’a jamais parlé de mutinerie à propos de Thiaroye.