Près de Rouen, l'histoire retrouvée d'Insa Sira, tirailleur sénégalais,
mort pour la France en 1940
Le tirailleur sénégalais, Insa Sira a perdu la vie à
Belbeuf, le 9 juin 1940. Une plaque commémorative a été inaugurée ce 11
novembre pour lui rendre hommage.
| Le maire de Belbeuf, Jean-Guy Lecouteux et Jean-Louis Roussel lors de l’inaugururation de la plaque commémorative en l’honneur d’ Insa Sira. ©D.F. |
Publié le 23 nov. 2025 à 12h01 ; mis à jour le 23
nov. 2025 à 12h05
On savait qu’Insa Sira était enterré dans le
cimetière de Belbeuf grâce
aux travaux de recherche de Jean-Louis Roussel, professeur à l’Inspe (Institut
National Supérieur du Professorat et de l’Éducation) de l’Université de
Rouen Normandie. Il a coécrit avec Guillaume Lemaitre et Laurent
Martin, Crimes de guerre, 9 juin 1940. Il s’est intéressé aux
massacres racistes commis à Rouen par les Allemands pendant la Seconde
Guerre mondiale. Il a retrouvé la trace d’Insa Sira, tirailleur sénégalais,
abattu à Belbeuf le 9 juin 1940. Il a raconté son histoire, lors de la
cérémonie du 11-novembre.
Né en 1913 au Sénégal
Dans son discours, Jean-Louis Roussel a exposé qu’Insa Sira,
né en 1913 au Sénégal, a été mobilisé en septembre 1939 avec 180 000
hommes africains pour rejoindre l’armée française. Il a intégré le 6e régiment
d’artillerie coloniale et est arrivé à Bordeaux le 7 janvier 1940. Comme
lui, 40 000 Africains viendront se battre en France, 17 000 seront tués entre
mai et juin 1940.
Qu’est-il arrivé à Insa Sira ?
« Dans près de 60 villes en France, des crimes racistes ont
été commis par les Allemands. Insa Sira a probablement été affecté au 208e
régiment d’artillerie coloniale. Il était à Aumale le 5 mai 1940, le
lendemain, il se retrouvait face aux Allemands, la 7e Panzer
division de Rommel. Son régiment est alors pratiquement anéanti. Les rares
survivants passeront la Seine à Pont-de-l’Arche. Le 9 juin, alors que son
régiment est totalement perdu, il se retrouve seul à Belbeuf et est abattu par
les Allemands. Il avait 27 ans », raconte Jean-Louis Roussel.
Le maire de Belbeuf de l’époque a signé un acte d’État civil
daté du 23 septembre 1940 déclarant Insa Sira Mort pour la France. Le
problème, c’est qu’il a été enregistré sous le nom figurant sur la plaque qu’il
portait sur lui, Siné Saloum, qui était le nom de sa province de naissance.
D’autres cafouillages administratifs ont suivi, plus invraisemblables les uns
que les autres. Il n’a finalement retrouvé sa véritable identité qu’en 1956.
« Avec Laurent Martin, j’ai engagé, il y a cinq ans, des
recherches pour retrouver sa tombe. Celle-ci a disparu, encore une faute
administrative grave puisqu’il est reconnu Mort pour la France », poursuit
Jean-Louis Roussel. À l’époque, le maire avait inscrit que sa tombe était la
numéro une. Malheureusement, on ne l’a pas retrouvée dans le cimetière.
Une plaque pour lui rendre son nom et son histoire
Le maire de Belbeuf, Jean-Guy Lecouteux, avec le soutien du
Souvenir Français de Belbeuf, présidé par Jordan Legrand, a donc décidé de
rendre à Insa Sira son nom et son histoire, au moyen d’une plaque commémorative
en sa mémoire. « Par votre geste, Monsieur le Maire, vous contribuez à la
construction d’une histoire commune dans une société française marquée par la
diversité et qui, si elle veut avoir un avenir, ne doit rien oublier du passé
», a conclu Jean-Louis Roussel.
Pour qu’il ne soit plus jamais oublié, le nom d’Insa Sira,
Mort pour la France, a été gravé sur le monument aux morts.
Près
de Rouen, l'histoire retrouvée d'Insa Sira, tirailleur sénégalais, mort pour la
France en 1940

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