Wednesday, March 22, 2023

« Les hommes noirs étaient vus comme inférieurs et primitifs » : comment l’image des tirailleurs sénégalais a évolué dans l’Histoire ?

 


Une émission du podcast "Au cœur de l'histoire" 

INTERVIEW - Principaux éléments de la "Force noire", les tirailleurs sénégalais appartenaient aux troupes de l’Empire colonial français à partir du milieu du XIXe siècle. Le réalisateur Mathieu Vadepied, avec Omar Sy comme acteur principal, a mis en lumière leur histoire dans un film intitulé "Tirailleurs". Venus d’Afrique et principalement du Sénégal, nombreux sont les tirailleurs tombés au combat sur les champs de bataille français lors de la Première et la Seconde Guerre mondiale. Mais quel a été le rôle précis des tirailleurs sénégalais ? Les tirailleurs ont-ils servi de "chair à canon " ? Comment la perception de l’image de ces hommes noirs vus comme primitifs va-t-elle être déconstruite durant le XXème siècle ? Pour apporter des éléments de réponse, Virginie Girod reçoit l’historien Anthony Guyon, auteur de "Des tirailleurs sénégalais, de l’indigène au soldat de 1857 à nos jours" (Editions Perrin). Dans cette interview, Anthony Guyon explique notamment comment les tirailleurs sénégalais se sont peu à peu affranchis des stéréotypes d’infériorité. "L’image du ‘sauvage noir’ est très malléable durant la Première Guerre mondiale et permet de diffuser des mythes anthropophagiques", rappelle-t-il. "Au Cœur de l’Histoire" est un podcast Europe 1 Studio.

Brazza - Ouidah - Saint-Denis à Avignon 2023

La Compagnie Eia ! a pour projet de présenter au Festival Off d'Avignon son spectacle Brazza - Ouidah - Saint-Denis, une pièce d'Alice Carré.

Elle a lancé une campagne de financement (objectif de collecte : 23 6661 € sur un budget total de 99 849 €).


Si vous êtes intéressé à soutenir ce spectacle, voici le lien

Brazza - Ouidah - Saint-Denis à Avignon 2023 (proarti.fr)

Surprenante découverte dans un petit cimetière de la Nièvre : trois corps de Tirailleurs sénégalais retrouvés




Publié le 09/03/2023 à 07h00


Après guerre, une stèle pour rendre hommage aux trois Tirailleurs sénégalais avait été installée à la lisière du bois de la Noblesse où ils furent abattus. © Estelle PION


Dans le cadre des reprises de concessions abandonnées, trois corps de soldats et des munitions ont été retrouvés dans un caveau censé être vide... Pour la municipalité de La Machine, pas de doute : il s’agit des trois Tirailleurs sénégalais qui avaient été abattus, le 24 juin 1940, dans le bois de la Noblesse.


C’est une découverte surprenante que vient de faire, au cimetière, la municipalité de La Machine. Dans le cadre des reprises des concessions abandonnées, les corps des trois Tirailleurs sénégalais, faits prisonniers et abattus par les Allemands le 24 juin 1940, viennent, en effet, d’être retrouvés.

"D’après ce qu’on savait, les corps auraient été retrouvés dans la forêt de la Noblesse, à la sortie de La Machine, en direction d’Anlezy. Des habitants les auraient inhumés au cimetière mais nous ne savions pas où. Nous pensions d’ailleurs qu’ils étaient dans le carré militaire qui se trouve dans le cimetière d’en face", expliquent Jean-Michel Guilbert, conseiller délégué, et Bérénice Dantelle, du service de l’état civil.

Ils seront transférés dans la chapelle

C’est en voulant enlever l’une des vingt-trois sépultures prévues dans la procédure que le service des pompes funèbres a découvert les corps des Tirailleurs sénégalais. "Cela a été une grande surprise, car ils se trouvaient dans un caveau censé être vide. Celui-ci, en effet, avait été acheté en 1918 par une famille qui n’y avait jamais fait inhumer personne", poursuit l’élu.

Pour la municipalité machinoise, avec les munitions et les lambeaux d’effets militaires retrouvés dans la sépulture, cela ne fait aucun doute : il s’agit bien des corps des Sénégalais :

·       Neya Bavoure, caporal du 44e Régiment d’infanterie coloniale, 

·       Balde Koba, soldat de deuxième classe au 53e Bataillon de la 11e compagnie

·       et l’Ivoirien Soro Begnan, soldat du 10e Régiment des Tirailleurs sénégalais.


Dans un premier temps, la municipalité a décidé de les placer dans un caveau provisoire.

Puis, nous les transférerons dans la chapelle qui servira d’ossuaire pour tous les soldats morts pour la France qui n’ont pas de sépulture.

"Mais pour cela, des travaux de restauration vont devoir être réalisés sur ce monument avec le Souvenir français. Une cérémonie officielle sera aussi organisée."

La stèle qui avait été installée à la lisière du bois de la Noblesse, il y a plusieurs années, par la municipalité, pour leur rendre hommage, restera en place. On peut aujourd’hui y lire : “En ce lieu, le 24 juin 1940, trois soldats français prisonniers furent lâchement assassinés par les Allemands. À leur mémoire”.

Rendez-vous. La municipalité accueillera samedi 17 juin les anciens des Troupes coloniales qui ont choisi La Machine pour organiser leur assemblée générale. À cette occasion, une cérémonie à la stèle des Tirailleurs sénégalais sera organisée.

Surprenante découverte dans un petit cimetière de la Nièvre : trois corps de Tirailleurs sénégalais retrouvés - La Machine (58260) (lamontagne.fr)

Paris inaugure la place des Tirailleurs-Sénégalais en l'honneur des soldats d'Afrique

 

À la porte de Clignancourt, à Paris, l'inauguration de la place des Tirailleurs-Sénégalais avec les anciens tirailleurs âgés de plus de 90 ans, le 10 mars 2023. © Sylvie Koffi / RFI
À la porte de Clignancourt, à Paris, l'inauguration de la place des Tirailleurs-Sénégalais avec les anciens tirailleurs âgés de plus de 90 ans, le 10 mars 2023. © Sylvie Koffi / RFI

La ville de Paris, en présence de la maire Anne Hidalgo, a inauguré vendredi 10 mars 2023 la Place des tirailleurs sénégalais, dans le XVIIIe arrondissement parisien, en mémoire de tous les soldats d'Afrique qui ont combattu dans l'armée française. Un moment d'émotion et de fierté.
C'est dans le nord de Paris, porte de Clignancourt, que cette nouvelle place honore ces milliers de soldats venus d'Afrique qui ont versé leur sang pour la France. Yoro Diao, ancien tirailleur, faisait partie du 1er RTS régiment des tirailleurs sénégalais. Sur place, il confie à Sylvie Koffi :

« La joie que j'ai ici me rappelle déjà mon enfance. J'étais âgé de 22 ans, sous l'ombre de ce drapeau-là. J'ai fait la guerre d'Indochine et je n'ai pas voulu partir, car j'ai perdu beaucoup de camarades français. »

À ses côtés, Oumar Diémé, ancien tirailleur, arbore fièrement cette plaque bleue sur laquelle est inscrit en lettres blanches « Place des tirailleurs sénégalais ». Pour lui, il était temps qu'on pense à eux :

« Je suis content, bien que ce soit venu tard. Mais c'est mieux que rien. On est très content, ç'aurait dû être fait depuis longtemps. Aujourd'hui, nous sommes reconnus. Nous les remercions beaucoup. »

Après les séances photos, une plaque leur a été remise. Dans quelques jours, certains d'entre eux vont rentrer définitivement dans leur pays d'origine.

Paris inaugure la place des Tirailleurs-Sénégalais en l'honneur des soldats d'Afrique (rfi.fr)

Thursday, March 02, 2023

"Mieux vaut tard que jamais" : 12 tirailleurs sénégalais vivant en France vont pouvoir rentrer dans leur pays d'origine grâce à une aide exceptionnelle

 


Article rédigé par Morgane Heuclin-Reffait - franceinfo
Radio France
Publié le 27/02/2023 22:53 Mis à jour le 28/02/2023 06:49

La flamme sous l'Arc de Triomphe à Paris a été ravivée en hommage aux tirailleurs sénégalais, le 27 février 2023. (MORGANE HEUCLIN-REFFAIT / RADIO FRANCE)


Ils font partie des 37 anciens combattants sénégalais recensés en France. L'Etat va leur verser une aide de solidarité "conséquente" afin qu'ils puissent se réinstaller dans leur pays d'origine à partir de la fin du mois d'avril.


Douze tirailleurs sénégalais vont pouvoir rentrer dans leur pays d'origine à partir de fin avril en bénéficiant d'une aide exceptionnelle de l'Etat, annonce lundi 27 février la secrétaire d'État aux Anciens combattants et de la Mémoire, Patricia Miralles.

>> "Ça va rallonger nos vies !" : pour les derniers tirailleurs sénégalais, retrouver leurs proches en conservant leur minimum vieillesse est "une satisfaction morale"

Une cérémonie à laquelle une journaliste de franceinfo a pu assister avait lieu sous l'Arc de Triomphe, à Paris, en présence notamment du ministre de l'Éducation nationale. Pap Ndiaye a ravivé la flamme en hommage aux tirailleurs sénégalais, avant de prendre ensuite la direction du ministère des Armées.

"Une joie immense"

Médailles accrochées à sa veste, Ousmane Sagna compte les jours jusqu'à fin avril : "La famille, vraiment et les enfants sont tous au Sénégal, donc on est content de partir, partir avec notre pension de vieillesse, pension combattant, on est très contents. On peut donc remercier le gouvernement français."
Lundi 27 février, une cérémonie a eu lieu sous l'Arc de Triomphe à Paris en présence notamment du ministre de l'Education nationale, Pap Ndiaye et de la secrétaire d'Etat aux Anciens combattants et de la Mémoire, Patricia Miralles. (MORGANE HEUCLIN-REFFAIT / RADIO FRANCE)

"Pour nous, c'est une joie immense, c'est une date qu'on a attendue", se réjouit sur franceinfo Yoro Diao, 95 ans, ancien tirailleur sénégalais engagé en Indochine et en Algérie. "Le fait d'avoir ces privilèges-là, pour nous, c'est une aubaine, poursuit Yoro Diao. Nous ne sommes pas beaucoup à l'obtenir." Il rappelle ensuite : "Nous avons perdu beaucoup d'anciens qui sont morts ici pour la France." Alors pour lui, cette aide est la bienvenue, elle signifie la fin d'une longue attente : "Mieux vaut tard que jamais."


"Nous serons très contents de rentrer chez nous et de remercier la France parce qu'il y a des choses qu'on n'oublie pas. Le corps s'en va mais le cœur reste ici en France."
Yoro Diao, 95 ans, ancien tirailleur sénégalais
, à franceinfo

Au total, 37 tirailleurs sénégalais sont recensés en France aujourd'hui. Ils vont pouvoir rentrer progressivement au fil de leurs demandes.

L'aide exceptionnelle de solidarité "conséquente", dont les autorités ne souhaitent pas révéler le montant exact, doit permettre aux anciens combattants sénégalais de se réinstaller dans leur pays d'origine : leur voyage et déménagement vont ainsi être pris en charge par l'Office national des combattants. "C'est les accompagner jusqu'à la fin de leur installation. À leur arrivée, l'ambassade les recevra de façon à avoir aussi un accueil républicain qu'on leur doit", se félicite Patricia Miralles.

"Ils ne quémandent pas"

Leurs soins médicaux seront également pris en charge y compris dans leur pays d'origine, de même que leur pension d'invalidité ou encore de leur minimum vieillesse, comme l'avait annoncé le gouvernement dès le mois de janvier. "L'immense majorité des demandes sont effectivement des demandes liées à la santé, affirme Véronique possède Le Lys, directrice de l'Office des combattants. Nous y répondons toujours favorablement, car nous savons que le prix des soins est très élevé. Ce n'est pas du tout quelque chose qu'ils quémandent, non."


"Ils ont des droits et nous leur accordons ces droits. Ils ont la nationalité française, donc c'est une manière pour la France de leur rendre un peu de ce qu'ils lui ont donné."
Véronique Peaucelle-Delelis, directrice de l'Office des combattants


Le retour des tirailleurs au Sénégal est un moment historique, mais ils ne marquent pas la fin de leur accompagnement par l'Etat français, assure Véronique possède Le Lys, avant d'ajouter : "Chaque fois qu'ils en auront besoin, nous répondrons présents".

"Mieux vaut tard que jamais" : 12 tirailleurs sénégalais vivant en France vont pouvoir rentrer dans leur pays d'origine grâce à une aide exceptionnelle (francetvinfo.fr)