Monday, November 25, 2024

Thiaroye : 80 ans après le massacre

Massacre de Thiaroye: un hommage rendu aux tirailleurs sénégalais à Morlaix

Massacre de Thiaroye: un hommage rendu aux tirailleurs sénégalais à Morlaix (1er novembre 2024)


Read more »

Sunday, November 03, 2024

Lors des RDV de l’Histoire de Blois - Marathon des Images, Didier Lauret a fait une intervention le 12 octobre 2024
au cinéma Le Lobis - Blois :

L’énigmatique Tirailleur de Gien


Photo : Jacob, G – Pk.637 - Droits réservés : ECPAD – Images de la Défense, fonds allemand DAT 1332


La photo que vous voyez n'aurait pas dû exister, car il s’agit d’une photo de propagande allemande faite par un opérateur des Propaganda Kompanien, unités militaires qui avaient la charge de produire des images pour le 3e Reich et sa machine de propagande bien rodée.  
Elle est l’œuvre de G. Jacob un des Bildberichter, reporter photographe de la PK. 637, qui l’a faite à Gien en juin 1940. Elle nous montre un jeune tirailleur sénégalais fait prisonnier, réquisitionné pour déblayer les décombres de la ville détruite à près de 80 % sur sa rive nord après les bombardements allemands. Cette photo sort des clous, ceux des critères raciaux nazis qui classifiaient les soldats noirs de l'armée française comme des sauvages dégénérés, assoiffés de violence et que la propagande allemande montrait habituellement sous des aspects moins flatteurs. On ne connaît pas grand-chose sur ce jeune soldat. Ce que l’on voit c’est le nombre 17 qui se trouve sur les pates du col de sa vareuse. Celui-ci indique le numéro de son unité, le 17e BATS, Bataillon Autonome de Tirailleurs Sénégalais, unité de renfort créée mi-avril 1940, affectée à la 7e Division d’Infanterie Coloniale le 12 juin, positionnée le 17 juin au nord de Châteauneuf-sur-Loire et finalement dissoute le 29 juillet 1940. Les archives militaires nous indiquent que sur un effectif de 797 hommes à sa création, ils ne seront plus que 97 à l’appel lors de la dissolution du bataillon, soit 88 % de disparus. Les soldat faits prisonniers étant considérés comme disparus. 
Nous ignorons si notre jeune tirailleur a été engagé dans la bataille de Châteauneuf-sur-Loire. Les combats qui ont eu lieu pour bloquer l’accès à la Loire et protéger le retrait de la division ont duré près de 17 heures. 167 soldats français ont perdu la vie dont 98 soldats africains non identifiés. 
Assez parlé de chiffres et revenons à la photo. Ce qu’il y a d’énigmatique, c’est qu’elle est plus utilisée de nos jours qu’à l’époque où elle a été prise. On la retrouve régulièrement dans des publications ou des films. Le portrait de ce tirailleur est devenu un symbole de l’engagement de ces soldats africains venus combattre en France. On peut comprendre pourquoi cette photo est utilisée ou plébiscitée car force est de constater qu’elle possède un fort pouvoir d’attraction. Quelque chose se dégage de ce portrait. Ce visage exprime-t-il de la tristesse, de la peur ou d’une forme de sidération ? Difficile de le dire !  
Ce qui est certain c’est que cette image est le fruit d’un geste photographique produit par un photographe confirmé possédant la culture photographique de son époque. On ne peut pas échapper à l’esthétisme des films de Leni Riefenstahl tant la pose, l’éclairage, le cadre nous renvoient aux images du Triomphe de la Volonté.  Nous savons que les nazis étaient fascinés par les grecs anciens et leurs productions artistiques. Dans cette photo, il y a la possibilité de voir le visage d’une statue grecque avec la particularité qu’il a la peau noire. C’est peut-être ce que G.Jacob a vu au moment de déclencher ou bien alors, l’espace d’un instant, il s’est pris pour Leni Riefenstahl.  
Cette photo s’accorde surtout avec une autre référence photographique majeure de l’époque. Il s’agit d’August Sander et son œuvre magistrale Les Hommes du XXe siècle. Ce portrait trouverait toute sa place dans cette œuvre tant il obéit aux codes définis par Sander. Walter Benjamin et Susan Sontag l’auraient certainement validé. Et puis, les tirailleurs sénégalais ne font-ils pas pare intégrante des Hommes du XXe siècle
Un autre photographe est convoqué dans cette image. Il s’agit d’Henri Cartier-Bresson et son célèbre instant décisif. De toute évidence, cette photo n’aurait pas été la même dans une autre fraction de seconde. 
Il me reste à vous livrer une dernière interrogation qui subsiste. Très peu de livrets militaires des tirailleurs du 17e BATS avaient été mis à jour, probablement dans l’urgence de la constitution de cette unité. Il semble alors assez étrange qu’on puisse confectionner des uniformes spécialement pour ce bataillon. C’est pourquoi l’énigme de la présence de ce numéro 17 reste encore à élucider. 

Didier Lauret

Octobre 2024

Liens internet

Captation de l’évènement disponible sur Youtube, communication accessible 2:57:55   htps://www.youtube.com/live/RKkCn-XvplY?si=wXS2OUfgRadECvPo

Le Marathon des Image sur le site des RDV de l’Histoire de Blois htps://rdv-histoire.com/programme/le-marathon-des-images-1

Le programme du Marathon des Images 2024 htps://www.tirailleurs-loire.fr/download/31725/


Association AXISMUNDIS - 82 rue de Belleville – 75020 PARIS
email : contact@axismundis.com  
Association loi 1901 – SIRET 843 213 281 00010 
Identifiant RNA W751221106 - Préfecture de Paris 

Cérémonie de commémoration du 11 novembre 2024 en l'honneur des tirailleurs sénégalais.

à la Place des Tirailleurs Sénégalais, dans le 18ème arrondissement de Paris


 


Massacre de Thiaroye: un hommage rendu aux tirailleurs sénégalais à Morlaix

Il y a 80 ans, le drame de Thiaroye au Sénégal marquait l’histoire. Dans le camp militaire de la ville, des tirailleurs tout juste rentrés de France, qui demandaient le versement de leurs soldes de guerre, étaient tués par l’armée française, accusés par la France de rébellion. Cette histoire tragique a débuté dans la ville de Morlaix, en Bretagne, d'où sont partis les tirailleurs. La ville a officiellement rendu hommage pour la première fois à ces hommes, lors d’une cérémonie vendredi 1ᵉʳ novembre au matin.

Publié le : 01/11/2024 - 15:14    Modifié le : 02/11/2024 - 10:16

Le maire de Morlaix, Jean-Paul Vermot (à droite) salue des membres de la délégation de Thiaroye, invités pour cette première cérémonie d’hommage aux tirailleurs sénégalais dans la ville bretonne, le 1er octobre 2024. © Guillaume Thibault / RFI


Pour en savoir plus :

Massacre de Thiaroye: un hommage rendu aux tirailleurs sénégalais à Morlaix


Commémoration du 80ème anniversaire du massacre des tirailleurs sénégalais à Thiaroye, le 1er décembre 1944 

Cette commémoration était à l'ordre du jour du Conseil des Ministres du Sénégal le 23 octobre, ainsi que le précise cet extrait du communiqué du Conseil des Ministres du 23 octobre :

Le Premier Ministre a ensuite porté à la connaissance du Conseil l’état d’avancement satisfaisant des travaux du Comité de Commémoration du 80ème anniversaire du massacre des tirailleurs sénégalais à Thiaroye, le 1er décembre 1944, présidé par le Professeur Mamadou Diouf. Les travaux de recherche par l’exploitation des sources primaires et secondaires des archives existantes sont bien avancés pour rétablir la vérité historique sur ce tragique événement. Ils seront complétés par une prochaine mission en France pour approfondir la collecte documentaire. Concernant le programme de commémoration, une démarche inclusive a été adoptée avec l’implication active des collectivités et des acteurs culturels nationaux ainsi que des autres pays africains d’origine des tirailleurs.


LE COMMUNIQUÉ DU CONSEIL DES MINISTRES DU MERCREDI 23 OCTOBRE 2024


 CHASSELAY ET AUTRES MASSACRES

Une pièce de théâtre, au Théâtre du Nord, à Tourcoing,

CHASSELAY ET AUTRES MASSACRES - Théâtre du Nord.

Texte et mise en scène Éva Doumbia

Françoise Croset écrit sur la pièce :

Chasselay et autres massacres , pièce écrite et mise en scène par Eva Doumbia, a été présentée du 8 au 11 octobre au Théâtre du Nord, à Tourcoing. J’ai pu aller voir le spectacle.

C’est une pièce intéressante, qui porte la volonté de l’autrice de mettre fin à l’oubli, ou à la méconnaissance ici en France, des massacres  perpétrés contre des tirailleurs sénégalais, soldats coloniaux de l’armée française, par des soldats de l’armée allemande en mai-juin 1940 lors de l’invasion militaire de la France.

La pièce offre de belles scènes, comme celle où deux frères africains se retrouvent : l’un tirailleur sénégalais combattant contre l’armée allemande en ce mois de juin 1940 au nord de Lyon, l’autre fils d’une Allemande et d’un tirailleur sénégalais qui dans les années 1920 occupa la Rhénanie après la défaite de 1918 de l’Allemagne, et qui a fui l’Allemagne nazie. Les acteurs portent bien la pièce, ils jouent juste. Plusieurs personnages sont des figures complexes et vraiment intéressantes. J’ai cependant été un peu gênée par la présentation trop caricaturale de l’officier français, cadre de la coloniale, qui est à Chasselay avec les tirailleurs.

Aussi, la pièce m’a parue un peu trop longue. Ceci tient probablement à la décision d’évoquer non seulement le massacre de Chasselay mais d’autres massacres et assassinats commis par des soldats allemands en mai et juin 1940, et d’autres épisodes concernant les tirailleurs sénégalais (ainsi l’engagement du tirailleur Addi Bâ dans la résistance dans la région des Vosges et son assassinat par la Gestapo). Eva Doumbia s’inscrit dans une démarche centrée sur la mémoire des victimes.

Un petit regret : la pièce ne permet pas de bien saisir ce qui a provoqué le massacre de Chasselay. La haine raciste de certains soldats et officiers de l’armée allemande, réelle et criminelle, n’explique pas tout ; les plans tactiques et calculs politiques des autorités françaises à la date des 19 et 20 juin sont d’autres éléments qui doivent être pris en compte (tenir les positions au nord de Lyon, alors que la ville avait été déclarée « ville ouverte », pour protéger l’armée des Alpes face à l’avancée allemande). Dénoncer « la guerre » me semble une approche discutable.    

Ainsi, avec cette nouvelle pièce au centre de laquelle sont les tirailleurs sénégalais, la réflexion et la discussion sur la place dans notre temps actuel de l’histoire de ces soldats coloniaux et des guerres dans lesquelles ils furent engagés se poursuit.

Où voir la pièce :

-      22 au 23 janvier 2025 l Le Volcan - Scène Nationale du Havre