CHASSELAY ET AUTRES MASSACRES
Une pièce de théâtre, au Théâtre du Nord, à Tourcoing,
CHASSELAY ET AUTRES MASSACRES - Théâtre du Nord.
Texte et mise en scène Éva Doumbia
Françoise Croset écrit sur la pièce :
Chasselay et autres massacres , pièce écrite et mise en scène par Eva Doumbia, a été présentée du 8 au 11 octobre au Théâtre du Nord, à Tourcoing. J’ai pu aller voir le spectacle.
C’est une pièce intéressante, qui porte la volonté de l’autrice de mettre fin à l’oubli, ou à la méconnaissance ici en France, des massacres perpétrés contre des tirailleurs sénégalais, soldats coloniaux de l’armée française, par des soldats de l’armée allemande en mai-juin 1940 lors de l’invasion militaire de la France.
La pièce offre de belles scènes, comme celle où deux frères africains se retrouvent : l’un tirailleur sénégalais combattant contre l’armée allemande en ce mois de juin 1940 au nord de Lyon, l’autre fils d’une Allemande et d’un tirailleur sénégalais qui dans les années 1920 occupa la Rhénanie après la défaite de 1918 de l’Allemagne, et qui a fui l’Allemagne nazie. Les acteurs portent bien la pièce, ils jouent juste. Plusieurs personnages sont des figures complexes et vraiment intéressantes. J’ai cependant été un peu gênée par la présentation trop caricaturale de l’officier français, cadre de la coloniale, qui est à Chasselay avec les tirailleurs.
Aussi, la pièce m’a parue un peu trop longue. Ceci tient probablement à la décision d’évoquer non seulement le massacre de Chasselay mais d’autres massacres et assassinats commis par des soldats allemands en mai et juin 1940, et d’autres épisodes concernant les tirailleurs sénégalais (ainsi l’engagement du tirailleur Addi Bâ dans la résistance dans la région des Vosges et son assassinat par la Gestapo). Eva Doumbia s’inscrit dans une démarche centrée sur la mémoire des victimes.
Un petit regret : la pièce ne permet pas de bien saisir ce qui a provoqué le massacre de Chasselay. La haine raciste de certains soldats et officiers de l’armée allemande, réelle et criminelle, n’explique pas tout ; les plans tactiques et calculs politiques des autorités françaises à la date des 19 et 20 juin sont d’autres éléments qui doivent être pris en compte (tenir les positions au nord de Lyon, alors que la ville avait été déclarée « ville ouverte », pour protéger l’armée des Alpes face à l’avancée allemande). Dénoncer « la guerre » me semble une approche discutable.
Ainsi, avec cette nouvelle pièce au centre de laquelle sont les tirailleurs sénégalais, la réflexion et la discussion sur la place dans notre temps actuel de l’histoire de ces soldats coloniaux et des guerres dans lesquelles ils furent engagés se poursuit.
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