« Les hommes noirs étaient vus comme inférieurs et primitifs » : comment l’image des tirailleurs sénégalais a évolué dans l’Histoire ?
Une émission du podcast "Au cœur de l'histoire"
ASSOCIATION pour l'HISTOIRE des TIRAILLEURS SENEGALAIS ahtis at hotmail.fr
Une émission du podcast "Au cœur de l'histoire"
La Compagnie Eia ! a pour projet de présenter au Festival Off d'Avignon son spectacle Brazza - Ouidah - Saint-Denis, une pièce d'Alice Carré.
Elle a lancé une campagne de financement (objectif de collecte : 23 6661 € sur un budget total de 99 849 €).
Si vous êtes intéressé à soutenir ce spectacle, voici le lien
Publié le 09/03/2023 à 07h00
Après guerre, une stèle pour rendre hommage aux trois Tirailleurs sénégalais avait été installée à la lisière du bois de la Noblesse où ils furent abattus. © Estelle PION |
Dans le cadre des reprises de concessions abandonnées, trois corps de soldats et des munitions ont été retrouvés dans un caveau censé être vide... Pour la municipalité de La Machine, pas de doute : il s’agit des trois Tirailleurs sénégalais qui avaient été abattus, le 24 juin 1940, dans le bois de la Noblesse.
C’est une découverte surprenante que vient de faire, au cimetière, la municipalité de La Machine. Dans le cadre des reprises des concessions abandonnées, les corps des trois Tirailleurs sénégalais, faits prisonniers et abattus par les Allemands le 24 juin 1940, viennent, en effet, d’être retrouvés.
"D’après ce qu’on savait, les corps auraient été retrouvés dans la forêt de la Noblesse, à la sortie de La Machine, en direction d’Anlezy. Des habitants les auraient inhumés au cimetière mais nous ne savions pas où. Nous pensions d’ailleurs qu’ils étaient dans le carré militaire qui se trouve dans le cimetière d’en face", expliquent Jean-Michel Guilbert, conseiller délégué, et Bérénice Dantelle, du service de l’état civil.
Ils seront transférés dans la chapelle
C’est en voulant enlever l’une des vingt-trois sépultures prévues dans la procédure que le service des pompes funèbres a découvert les corps des Tirailleurs sénégalais. "Cela a été une grande surprise, car ils se trouvaient dans un caveau censé être vide. Celui-ci, en effet, avait été acheté en 1918 par une famille qui n’y avait jamais fait inhumer personne", poursuit l’élu.
Pour la municipalité machinoise, avec les munitions et les lambeaux d’effets militaires retrouvés dans la sépulture, cela ne fait aucun doute : il s’agit bien des corps des Sénégalais :
· Neya Bavoure, caporal du 44e Régiment d’infanterie coloniale,
· Balde Koba, soldat de deuxième classe au 53e Bataillon de la 11e compagnie
· et l’Ivoirien Soro Begnan, soldat du 10e Régiment des Tirailleurs sénégalais.
Dans un premier temps, la municipalité a décidé de les placer dans un caveau provisoire.
Puis, nous les transférerons dans la chapelle qui servira d’ossuaire pour tous les soldats morts pour la France qui n’ont pas de sépulture.
"Mais pour cela, des travaux de restauration vont devoir être réalisés sur ce monument avec le Souvenir français. Une cérémonie officielle sera aussi organisée."
La stèle qui avait été installée à la lisière du bois de la Noblesse, il y a plusieurs années, par la municipalité, pour leur rendre hommage, restera en place. On peut aujourd’hui y lire : “En ce lieu, le 24 juin 1940, trois soldats français prisonniers furent lâchement assassinés par les Allemands. À leur mémoire”.
Rendez-vous. La municipalité accueillera
samedi 17 juin les anciens des Troupes coloniales qui ont choisi La Machine
pour organiser leur assemblée générale. À cette occasion, une cérémonie à la
stèle des Tirailleurs sénégalais sera organisée.
À la porte de Clignancourt, à Paris, l'inauguration de la place des Tirailleurs-Sénégalais avec les anciens tirailleurs âgés de plus de 90 ans, le 10 mars 2023. © Sylvie Koffi / RFI |
« La joie que j'ai ici me rappelle déjà mon enfance. J'étais âgé de 22 ans, sous l'ombre de ce drapeau-là. J'ai fait la guerre d'Indochine et je n'ai pas voulu partir, car j'ai perdu beaucoup de camarades français. »
Aux tirailleurs sénégalais,
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) March 10, 2023
À ces hommes, nos frères, Paris veut dire son immense reconnaissance.
Nous honorons leur mémoire en inaugurant la « place des Tirailleurs sénégalais » dans le 18e. Leur histoire, c'est aussi la nôtre, ne l'oublions jamais ! pic.twitter.com/oWzrD40iJ7
À ses côtés, Oumar Diémé, ancien tirailleur, arbore fièrement cette plaque bleue sur laquelle est inscrit en lettres blanches « Place des tirailleurs sénégalais ». Pour lui, il était temps qu'on pense à eux :
« Je suis content, bien que ce soit venu tard. Mais c'est mieux que rien. On est très content, ç'aurait dû être fait depuis longtemps. Aujourd'hui, nous sommes reconnus. Nous les remercions beaucoup. »
Après les séances photos, une plaque leur a été remise. Dans quelques jours, certains d'entre eux vont rentrer définitivement dans leur pays d'origine.
Paris inaugure la place des Tirailleurs-Sénégalais en l'honneur des soldats d'Afrique (rfi.fr)
La flamme sous l'Arc de Triomphe à Paris a été ravivée en hommage aux tirailleurs sénégalais, le 27 février 2023. (MORGANE HEUCLIN-REFFAIT / RADIO FRANCE) |
"Une joie immense"
Médailles accrochées à sa veste, Ousmane Sagna compte les jours jusqu'à fin avril : "La famille, vraiment et les enfants sont tous au Sénégal, donc on est content de partir, partir avec notre pension de vieillesse, pension combattant, on est très contents. On peut donc remercier le gouvernement français."Lundi 27 février, une cérémonie a eu lieu sous l'Arc de Triomphe à Paris en présence notamment du ministre de l'Education nationale, Pap Ndiaye et de la secrétaire d'Etat aux Anciens combattants et de la Mémoire, Patricia Miralles. (MORGANE HEUCLIN-REFFAIT / RADIO FRANCE) |
"Ils ne quémandent pas"
Leurs soins médicaux seront également pris en charge y compris dans leur pays d'origine, de même que leur pension d'invalidité ou encore de leur minimum vieillesse, comme l'avait annoncé le gouvernement dès le mois de janvier. "L'immense majorité des demandes sont effectivement des demandes liées à la santé, affirme Véronique possède Le Lys, directrice de l'Office des combattants. Nous y répondons toujours favorablement, car nous savons que le prix des soins est très élevé. Ce n'est pas du tout quelque chose qu'ils quémandent, non."