Monday, October 14, 2024

Moi… Tirailleur sénégalais

Un récit autobiographique

de Mamadou Niang

Collection : Harmattan Sénégal



Ce récit autobiographique relate la vie de Mamadou Niang, originaire de Rufisque, Sénégal. Enrôlé dans l’armée française en 1949, il reçoit une formation militaire à Bamako, puis se spécialise en finances en France. Il participe aux guerres d’Indochine et d’Algérie. Après sa retraite militaire en 1969, il rentre au Sénégal pour travailler à l’ASECNA jusqu’en 1989. En parallèle, Niang est un sportif accompli, pratiquant le judo à haut niveau.

Son histoire, marquée par ses contributions militaires et civiles, témoigne d’une vie riche et dédiée au service de son pays et de la communauté.

Pour en savoir plus :

Premier roman : le journaliste Christian Eboulé revisite la France coloniale à travers le destin tragique d’un officier africain - Chemins d'écriture (rfi.fr)

La préface du roman, par Samba DIOPProfesseur titulaire des universités, Oslo, Norvège :

Ce livre, ce court récit autobiographique que le lecteur a entre les mains, est riche d'enseignements ; ce récit ne constitue pas à proprement parler des « Mémoires » si l’on définit ce genre comme étant une relation écrite, sur une longue période et dont l’auteur, en l’occurrence Mamadou Niang, est à la fois acteur, auteur et témoin. Ainsi, pour être plus circonstancié, l’auteur puise dans sa mémoire et dans ses souvenirs afin de relater les faits saillants qui ont marqué sa vie militaire et professionnelle. À proprement parler, M. Niang n’est pas un tirailleur sénégalais mais, plutôt, un militaire bien formé avec un niveau d’éducation très élevé ; il s’est affublé cette appellation de « tirailleur », sûrement, par esprit et solidarité de corps.

Je suis en train de sauter le pas. II faut commencer par le commencement. Mamadou Niang, plus connu sous le sobriquet de Doudou Niang, a fait une brillante carrière dans l’armée française. un curriculum vitae qui a démarré vers la fin des années 1940, sous l'époque coloniale. En ce temps, l'empire colonial français était en train de subir les contre-coups de la décolonisation en Asie, en Afrique et ailleurs.

Qu'importe, le Sénégal avait les quatre communes de Dakar (créée en 1887), Gorée (1872), Rufisque (1880) et Saint-Louis (1872). Ainsi Gorée et Saint-Louis sont les plus anciennes des communes ; en plus, Saint-Louis a l’insigne honneur d'avoir été la capitale de l'AOF (Afrique Occidentale Française).

Pour faire court, les originaires de ces communes étaient exemptés des rigueurs du système de l'indigénat. Cependant, ils n’avaient pas tous les droits des citoyens français de plein exercice. C'est grâce à la loi Blaise Diagne (du nom du premier député noir africain à l’Assemblée nationale française) en date du 29 septembre 1916 que les natifs des quatre communes ont acquis la pleine citoyenneté française. II a fallu attendre 1946 avec la Loi Lamine Guèye (premier avocat du Sénégal) pour que l'indigénat soit complètement aboli et, de ce fait, étendre la citoyenneté à tous les habitants des colonies françaises.

En tant que natif de Rufisque, Mamadou Niang a été enrôlé dans l’armée française vers la fin des années 1940 afin d'accomplir son service militaire. Ainsi débuta une carrière riche en rebondissements, défis et accomplissements ; le jeune conscrit est aussitôt envoyé à Bamako dans l'ancien Soudan français (actuel Mali). Ensuite, la hiérarchie militaire ayant remarqué que Niang était un élément très doué et avait de grandes capacités intellectuelles, décision fut prise de l’envoyer à Nantes en France afin d continuer une formation professionnelle dans le domaine financier et comptable mais toujours au sein de l'armée. Dans ce livre, Niang nous fait entrevoir tout un pan de l’histoire coloniale française en Afrique noire.

Ce récit enthousiasmant me fait aller trop vite en besogne ; je me dois donc de revenir un peu en arrière et relever comment Doudou Niang narre sa jeunesse à Rufisque ainsi que sa scolarité menée entre Rufisque et Dakar. II faut aussi inclure l'épisode sur sa vie d'adolescent, passée à chaparder des mangues, à vadrouiller dans la brousse ou à aller à la plage, etc., une enfance insouciante que la plupart des générations précédentes ont connue ; il faut noter que dans les années 1940 jusqu'aux années 1980, les villes du Sénégal étaient semi-urbaines et la campagne (la brousse) n’était jamais loin ; cependant. de moins en moins de jeunes habitant les villes font l'expérience formatrice d'une telle enfance à cause des transformations sociales et de l'urbanisation galopante. Surtout. Niang était un amoureux de la boxe et s’entrainait avec assiduité et sérieux sous la direction d'un coach français répondant au nom de Monsieur LeGrijoix ; d’ailleurs le récit s’ouvre sur cet épisode ayant trait au pugilat. Plus tard, Niang va s’adonner au judo jusqu'à brillamment atteindre le niveau de ceinture noire 2ème dan. Sans compter les riches traditions culturelles rufisquoises qu'il évoque, telles que la lutte que relate l'auteur ; Rufisque étant au bord de l'océan Atlantique, forcément, le sujet de la pêche artisanale allait enrichir le récit, en plus de l'évocation des régates, ces fêtes annuelles de courses de pirogues.

Mamadou Niang va bourlinguer à travers le monde et est l'un des rares Sénégalais vivants à avoir été témoin de deux guerres coloniales : Indochine (Vietnam) et Algérie. Il a eu aussi le privilège et l'opportunité d’avoir travaillé au sein du service de la Direction centrale du Commissariat de l'Air, en d'autres termes, un service d'inspection de l’armée. II va sans dire que peu de soldats ont l’occasion de servir dans ce prestigieux service. Cette affectation l’a amené à beaucoup voyager dans l’Hexagone ainsi que dans les territoires où la France avait des bases et casernes militaires. Niang a reçu de nombreuses décorations militaires. Lors de son séjour parisien, Niang eut l’occasion de fréquenter l’université afin de parfaire sa formation.

En 1969, après avoir bouclé le nombre d'années requises afin de prendre sa retraite de l’armée, Niang rentre au Sénégal (au pays natal, pour paraphraser le grand poète de la Négritude, le Martiniquais Aimé Césaire) où il obtient un poste en tant que chef de service administratif et financier à l’ASECNA avec le statut de coopérant français avant de prendre une retraite définitive bien méritée le 1er Juin 1988. Après avoir passé tant d'années à l’étranger, Niang se devait de se réacclimater. Il ne se contentera pas seulement d'assumer ses nouvelles hautes responsabilités à l’ASECNA car il prendra activement part aux activités de renaissance sociale, sportive, culturelle et économique de sa ville natale de Rufisque.

II est temps de conclure et de ne pas tout raconter et, ainsi, laisser le soin au lecteur de lire ce livre séminal. Ce n’est pas par hasard que j’utilise le terme « séminal » car, en observant le riche parcours de Doudou Niang, non seulement on se rend compte qu’il a semé la bonne graine, mais en plus il sert de modèle aux générations actuelles, en plus de baliser la voie pour la postérité. Les générations sénégalaises et africaines actuelles et à venir ont besoin du genre de personne telle que Mamadou Niang qui, à la fois, inspire et démontre qu’une vie bien remplie, ancrée dans le sérieux, l’éducation, les études et la formation, la discipline, le courage, la volonté, l'honnêteté, la persévérance. la droiture. la patience, la foi, l'effort constant dans le travail bien fait, l’assumation de ses responsabilités, enfin et surtout, la famille, une telle vie vaut bien la peine d’être vécue pour dire le moins.

Je recommande vivement cet ouvrage riche en enseignements, somptueux en aventures, découvertes, bildung (formation) et, enfin, plein de pépites de sagesse. Puissent ce livre et son contenu susciter une saine émulation au sein de la jeunesse sénégalaise et africaine. C'est mon vœu le plus ardent.

DISPARITIONS

Mort d’Amadou Mahtar Mbow, ancien directeur général de l’Unesco

Premier Africain à la tête de l’agence onusienne chargée de l’enseignement et de la culture, l’intellectuel sénégalais est mort le 24 septembre à Dakar. Il avait 103 ans.

Par Pierre Lepidi
Publié le 24 septembre 2024 à 16h58, modifié le 24 septembre 2024 à 19h47 

Amadou Mahtar Mbow, directeur général de l’Unesco, lors d’une réunion à Paris, le 20 octobre 1987. GEORGES MERILLON / GAMMA-RAPHO VIA GETTY IMAGES

Par son érudition et sa traversée d’un siècle, Amadou Mahtar Mbow était l’une des bibliothèques vivantes les plus riches d’Afrique de l’Ouest. Il est mort, mardi 24 septembre, à Dakar, là où il était né cent trois ans plus tôt. Ardent défenseur des libertés, Amadou Mahtar Mbow a eu mille vies qui ont notamment fait de lui le premier Africain directeur général de l’Unesco.

Né en mars 1921, Amadou Mahtar Mbow grandit à Louga, dans le nord-ouest du Sénégal. A la fin des années 1920, la région est frappée par la famine. Le gamin voit des gens mourir et ces images le marqueront à vie. « Il faut avoir vécu cela pour en comprendre l’angoisse », disait-il. La seconde guerre mondiale éclate, il a 18 ans.

Amadou Mahtar Mbow s’engage en tant que volontaire dans l’armée de l’air et intègre l’Ecole des radiotélégraphistes de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine). Dans la ville encerclée, il parvient régulièrement à franchir la ligne de démarcation. Il est démobilisé en 1940 et retourne au Sénégal, où il travaille au service économique de la circonscription de Dakar et dépendances. La guerre devient mondiale et, en janvier 1943, Amadou Mahtar Mbow est rappelé sous les drapeaux puis affecté à la base aérienne de Thiès, près de Dakar. De là, il réussit le concours d’entrée à l’Ecole supérieure de tir aérien d’Agadir qui lui permet de servir, jusqu’en octobre 1945, au Maroc puis en France.

Désaccords avec Senghor

Grâce notamment à ses tirailleurs, à ses goumiers et à ses spahis lors du débarquement de Provence, auquel Amadou Mahtar Mbow participe, la France est libérée. Le jeune homme décide de rester dans un Paris bouillonnant où les désirs d’indépendance se renforcent chez les étudiants africains. « Un jour, la gendarmerie est venue me signifier que je devais rentrer au Sénégal pour être démobilisé, déclarait-il dans Amadou Mahtar Mbow. Une vie, des combats (éd. Vives Voix, 2019). Je leur ai répondu : pour faire la guerre, je suis français et pour étudier, je ne le suis plus. Allez-vous faire voir ! » Il passe son baccalauréat et entre à la Sorbonne, où il s’inscrit en histoire et géographie.

Dans l’effervescence intellectuelle du Quartier latin, Amadou Mahtar Mbow s’engage dans le syndicalisme étudiant et milite pour une indépendance immédiate des colonies. Il rentre au Sénégal pour mener la lutte, s’intéresse à l’éducation, matière essentielle selon lui pour former les élites de demain. Il va consacrer quinze années de sa vie à l’enseignement.

En parallèle, il fait de la politique. Le 20 août 1960, lorsque le Sénégal proclame son indépendance, Léopold Sedar Senghor devient président de la République. Après un temps dans l’opposition, Amadou Mahtar M’bow est nommé ministre de l’éducation nationale (1966-1968), puis de la culture et de la jeunesse (1968-1970) et enfin député.

Au cours de cette période, il se heurte à Léopold Sédar Senghor, car il déplore notamment l’existence d’accords franco-sénégalais qui confèrent encore à la France une tutelle sur l’université de Dakar. « Le recteur est alors nommé par la France, rappelle le journaliste Hamidou Anne, auteur d’Amadou Mahtar Mbow. Une vie, des combats. L’ancienne puissance coloniale pouvait ainsi interférer dans le fonctionnement de l’enseignement supérieur. Contrairement à Senghor, M’bow voulait que l’université de Dakar soit une université africaine. »

Deux mandats

Le 15 novembre 1974, Amadou Mahtar Mbow est élu à l’unanimité directeur général de l’Unesco. Il devient la septième personnalité à accéder à ce poste prestigieux, le premier Noir à diriger une organisation onusienne. Il veut alors œuvrer pour un monde « plus fraternel » et s’atteler à la sauvegarde du patrimoine et évidemment de l’éducation. Sous son impulsion, les pays du Sud demandent un « rééquilibrage » des rapports dans le domaine de l’information, déplorant notamment que les grandes agences de presse soient aux mains des grandes puissances. En 1977, Amadou Mahtar Mbow crée une Commission internationale qu’il confie à l’Irlandais Sean MacBride, fondateur d’Amnesty International et Prix Nobel de la paix (1974), et dans laquelle on retrouve aussi Hubert Beuve-Méry, fondateur du Monde.

En 1980, Amadou Mahtar M’bow est réélu, dans un climat alourdi par la guerre froide et les tensions entre pays du Nord et pays du Sud. Avec fracas, les Etats-Unis, plus grands contributeurs de l’Unesco, décident de se retirer de l’institution onusienne, qui se voit alors amputée de 25 % de son budget. « Amadou Mahtar Mbow va très intelligemment réorganiser l’organisation et faire en sorte qu’aucun salarié ne soit licencié, se souvient Georges Kutukdjian, ancien responsable de l’éducation aux droits de l’homme et à la paix (1982-1991). C’était un homme intègre, méticuleux et juste. » Mais les tensions avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni vont lui coûter sa réélection pour un troisième mandat.

Retiré au Maroc, il revient dans le jeu politique au Sénégal. Entre 2008 et 2009, Amadou Mahtar Mbow préside les assises nationales, une vaste coalition qui s’oppose à la réélection d’Abdoulaye Wade en 2012. A Dakar, où une université porte son nom, de nombreux visiteurs lui rendaient encore visite à la fin de sa vie. Il y avait des politiciens, des instituteurs, des enseignants… Ils venaient demander au « vieux » un conseil ou obtenir son appui. Amadou Mahtar Mbow vivait au milieu des livres de son immense bibliothèque.

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Le testament de Charles

Christian Éboulé

Dans son roman Le Testament de Charles, paru aux Éditions Les Lettres Mouchetées, le 14 septembre 2024, Christian Éboulé, journaliste à TV5 Monde, plonge dans l’histoire de Charles N’Tchoréré, un soldat originaire d’Afrique subsaharienne marqué par les guerres et la colonisation. Le roman s’articule autour de quatre grands axes inspirés par la figure historique du capitaine Charles N’Tchoréré, dont le portrait est disponible dans la série Frères d’Armes. Engagé dès 1916 dans un régiment de tirailleurs, il est fait prisonnier par les Allemands en 1940 qui, malgré sa demande à être traité comme un officier et non pas comme un homme de troupe conformément aux conventions de Genève, l’abattent le 7 juin 1940. Ce roman invite à une réflexion sur la mémoire, l’existence et la dignité humaine. En tribune cette semaine pour le Groupe de recherche Achac, Christian Éboulé livre les grands axes de cet ouvrage.

Inspiré par la vie de Charles N’Tchoréré, Christian Éboulé restitue alors sous la forme d’une vaste saga-testament l’itinéraire d’un soldat originaire d’Afrique subsaharienne, un grand témoin du siècle, jusqu’à son ultime prise de liberté et son salut. Un roman essentiel sur l’existence, la place de l’individu dans l’Histoire, la mémoire et la dignité.

Un fil va se rompre, celui de Charles. Il a quitté son Afrique natale sous les bercements d’une musique coloniale annonçant à coups de trompette une civilisation étincelante. Il a bataillé à l’école pour acquérir, sous le fouet, une éducation dispensée par de rudes pères spiritains. Pour eux, le chemin qu’ils ouvraient le sortirait de la brousse des fantômes et de la nuit des légendes. Mais son grand-père, le vieil Okili, tentera de retenir le jeune homme près des oracles et à proximité du puits des rites où un monde naguère paisible se voilait soudain de nuages. Charles choisit l’uniforme, espérant, au service de la France, accomplir le parcours qui établit les réputations et les honneurs... Après avoir combattu au Gabon, au Maroc et en Syrie pour la gloire de la « Mère Patrie », il est encerclé puis prisonnier durant la Seconde Guerre mondiale à Airaines, où la Wehrmacht triomphante se fourvoie et torture. Un soldat blond s’acharne sur lui. 

Au bord du précipice, Charles revoit sa vie et, en un vertigineux sursaut, il va alors comprendre au fil du récit ce qui lui avait toujours échappé. En une ultime seconde, en emportant le lecteur dans le flot de ses souvenirs, le voici qui se réapproprie sa propre histoire et le sens d’une vie déracinée, dont le tourbillon et le chaos de l’Histoire, des guerres et de la colonisation l’avaient privé. Dans un grand souffle spirituel et romanesque qui prend la forme d’un apprentissage à rebours, Le Testament de Charles nous propose une expérience littéraire qui échappe à l’éclat des armes, aux bombardements, au vacarme et à la violence de l’Histoire. 

Le parcours d'un grand témoin du siècle, marqué par la mort, la vie et la prise de conscience, est au cœur d'un roman essentiel qui aborde des thèmes universels. L'expérience spirituelle de l'histoire et de la mémoire, qui traverse ce récit, permet une réflexion profonde sur l'existence et la dignité humaine. Le protagoniste, confronté à des épreuves qui mettent en jeu sa propre survie, se trouve confronté à des questions essentielles qui touchent chacun d'entre nous. Au fil des pages, le lecteur est invité à explorer les méandres de la conscience humaine, à découvrir les secrets de la mémoire, à questionner les fondements de l'existence, dans un voyage littéraire intense et émotionnel.

En savoir plus

La série Frères d’Armes


Tribune NL #563 | Groupe de recherche Achac

  France Bleu

De Isabelle Baudriller    Jeudi 26 septembre 2024 à 19:46
Par France Bleu Sud Lorraine

Vosges : une plainte contre X déposée après des tirs sur la photo du résistant guinéen Addi Bâ

La photo du résistant guinéen Mamadou Addi Bâ a été visée par six tirs sur un panneau commémoratif dans la forêt de La Vacheresse-et-la-Rouillie dans les Vosges. Une plainte contre X a été déposée mercredi 25 septembre pour cet acte qui remonterait à plusieurs mois.

Le panneau commémoratif se trouve dans la forêt de La Vacheresse-et-la-Rouillie

Un panneau à la mémoire d'un résistant guinéen, visée par des tirs dans la plaine des Vosges. Une plainte contre X a été déposée ce mercredi 25 septembre auprès du procureur de la République d'Epinal, notamment pour "incitation à la haine raciale" et "apologie de crime de guerre", par François-Xavier Wein, porte-parole de LFI dans les Vosges, soutenu par les militants Insoumis du secteur.

Ce panneau, installé depuis 2014 dans la forêt de La Vacheresse-et-la-Rouillie, raconte l'histoire du maquis de la Délivrance où se sont réfugiés les réfractaires du STO, le Service du travail obligatoire, pendant la Seconde Guerre mondiale. On y trouve plusieurs photos dont celle de Mamadou Addi Bâ, soldat guinéen engagé chez les Tirailleurs sénégalais en 1939, devenu résistant dans ce maquis en 1942. Torturé et fusillé par les Allemands le 18 décembre 1943, à l'âge de 27 ans.

La photo de Mamadou Addi Bâ, visée par six tirs

La photo d'Addi Bâ - et elle seule - est criblée de six balles. "Il n'y a aucun doute, c'est une personne qui a été visée parce que noire très concrètement", estime François-Xavier Wein. "Ça devient une banalisation d'agissements racistes, xénophobes qu'on ne peut pas passer sous silence. Nous pensons que d'autres personnes savaient bien avant nous et que rien n'a été fait. Ça ne peut pas être laissé sans suites. Le silence est très grave et notre action en tant que simples citoyens passe forcément par le dépôt d'une plainte."

A quand remontent ces tirs ? A plusieurs mois selon François-Xavier Wein qui a été informé vendredi 20 septembre. Plusieurs mois aussi selon le journaliste Etienne Guillermond dont la famille a accueilli Addi Bâ dans le village de Tollaincourt en 1941. Lui qui travaille depuis 20 ans sur l'histoire du résistant guinéen et a écrit en 2013 le livre "Addi Bâ, résistant des Vosges" dénonce un acte "grave et choquant" mais s'insurge contre le dépôt de plainte.

"Action inutile et contre-productive"

"Qui sont les plus imbéciles, ceux qui commettent des actes stupides ou ceux qui leur font de la pub en espérant être plus malins qu'eux ?" interroge Etienne Guillermond. "Pour moi, on ne répond à l'imbécilité que par le silence. Je considère qu'à partir d'un acte imbécile, on est en train d'assister à la fabrication d'un fait divers. Je trouve que cette action est inutile et contre-productive."

Le 18 décembre dernier, 80 ans jour pour jour après l'exécution d'Addi Bâ, la ville d'Epinal a inauguré une esplanade à son nom, rue de la Chipotte. "Les tirs, déjà vous me les apprenez", indique le maire Patrick Nardin, "comment voulez-vous que je réagisse ? C'est l'œuvre ou d'un fou ou d'une personne radicalisée. C'est un soldat venu d'Afrique en France comme des milliers d'autres. Beaucoup sont morts, Addi Bâ fait partie de ceux qui ont laissé leur vie pour que nous soyons libres aujourd'hui. Bien sûr un tel acte me révolte."

Les Insoumis de la 4e circonscription des Vosges indiquent qu'ils appelleront "prochainement à un rassemblement antiraciste en hommage à Addi Bâ".

Vosges : une plainte contre X déposée après des tirs sur la photo du résistant guinéen Addi Bâ - France Bleu

 

Des noms et des visages sur les héros de la Libération : retour sur l'exposition « Visages de la Libération » à la médiathèque Salim-Hatubou, dans le 15e arrondissement de Marseille.

Par Françoise Croset