Pour la video : Aboulaye N'Diaye, le dernier tirailleur sénégalais
Abdoulaye N'Diaye, dernier tirailleur sénégalais de la Première Guerre mondiale
Par Alexis MagnavalDu Sahel à la bataille de la Somme, Abdoulaye N’Diaye fut un témoin indélébile de la guerre de 1914-1918. Avant de mourir, il y a 25 ans, il se remémorait ses souvenirs de combat.
“Un clairon retentit, et la voix d'un homme s'élève : ‘La guerre est finie ! La guerre est finie !” En 1998, Abdoulaye N'Diaye, le dernier tirailleur sénégalais de la Première Guerre mondiale, se souvenait du dénouement de la Grande Guerre. En 1914, à l'âge de 20 ans, Abdoulaye N'Diaye est arraché à son village du Sahel pour être enrôlé de force dans les troupes coloniales françaises. Embarqué vers la Belgique, il participera à des batailles emblématiques, dont celle des Dardanelles en 1915, dans l’actuelle Turquie, avant de revenir sur la bataille de la Somme.
"Les Français avaient fait sauter un pont. Pendant trois jours, on a rampé, on s’est battu. À ce moment-là, il faisait encore chaud", se souvient-il. Mais Abdoulaye N’Diaye et les 160 000 autres tirailleurs ne tardent pas à découvrir l'hiver dans la boue de la Somme. Plus de 400 000 soldats périssent dans les deux camps, et 600 000 autres sont blessés. Lui-même est touché par deux balles à la tête, des blessures qui le marquent à jamais. "Des Allemands, moi, j’en ai tué deux. Et les deux que j’ai tués, c’était de leur faute. L’un était dans un trou, c’est un copain qui l’a vu. Alors j’ai pris une grenade, et toc, je l’ai balancée dans le trou. Et l’Allemand a sauté", raconte-t-il.
Retour sans pension de guerre
Abdoulaye N'Diaye achève son périple à Verdun en 1918. "Un jour, on devait remonter au front, tout à coup un clairon sonne et quelqu’un crie : ‘la guerre est finie !’ Les officiers étaient contents, ils s’embrassaient, ils disaient : ‘ça, c’est bien !’ Trois jours après, on nous a renvoyés chez nous, on nous a embarqués sur un bateau. Et c’était fini." Le soldat rentre dans son village, à 200 km de Dakar, sans pension de guerre. Ce n'est que 30 ans plus tard qu’il découvre qu’il y aura droit, après le retour des tirailleurs de la Seconde Guerre mondiale. Le souvenir, lui, ne le quitte jamais : "La guerre, j’y repense encore, tous les jours. La nuit, souvent, je rêve que je suis en train de me battre".
Légion d’honneur posthume
Dernier tirailleur en vie en 1998, Abdoulaye N'Diaye meurt la veille du 11 novembre, le jour où il devait recevoir la Légion d'honneur, que lui avait attribuée le président Chirac. La médaille sera déposée sur sa tombe par l'ambassadeur de France. Le fils d'Abdoulaye N'Diaye, perpétuant la mémoire de son père, réussira à obtenir de la France la construction d'une piste pour désenclaver le village.
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