Tirailleurs sénégalais à Morlaix : le sort injuste des
troupes coloniales pendant la guerre
À la fin de la guerre,
les tirailleurs sénégalais qui sont restés de longues années prisonniers sur le
sol français sont enfin rapatriés. Un certain nombre transitent par Morlaix.
Quand ils se mettent à réclamer leur solde et leurs indemnités de guerre, leur
rébellion est sévèrement matée. Sixième épisode de la série du magazine Bretons
consacrée à la Seconde Guerre mondiale en Bretagne.
Publié le 30/08/2023 à 07h00
Un jour
d’octobre 1944, le jeune Bady N’Diaou débarque sur le quai de la gare de
Morlaix. Ce Sénégalais, originaire du village de Koutiacoto, à 400 kilomètres
de Dakar, vient de passer plusieurs années prisonnier des Allemands dans un
Frontstalag. Soucieux de ne pas mélanger les Noirs avec d’autres populations,
ni de les accueillir sur leur propre sol, les Allemands avaient en effet
aménagé des camps spéciaux, en France, pour ces combattants issus des colonies,
dont le nombre est estimé à près de 70 000. Bien vite, la surveillance de
ces camps est déléguée à des soldats fidèles à Vichy. Et les conditions de vie
y sont terribles, entre le froid, le manque de vêtements et de nourriture et
les épidémies dévastatrices.
Le jeune Bady N’Diaou,
pendant ces années difficiles, a pu compter sur le soutien de sa marraine de
guerre. Monique Buron est en effet une de ces jeunes filles que la Croix-Rouge
ou une autre organisation caritative a mises en lien avec un prisonnier. Les
lettres et les colis de la Morlaisienne éclairent le quotidien du captif. « Ma
très chère marraine, je suis touché de votre gentillesse à mon égard »,
lui écrit-il ainsi en février 1942. Bady N’Diaou remercie pour les gants
tricotés, le tabac, les biscuits ou le papier à lettres reçus…
Au fil de l’avancée des
troupes alliées, les prisonniers coloniaux sont libérés. On s’empresse de les
regrouper, pour les évacuer au plus vite : les autorités craignent
l’indiscipline et refusent d’intégrer ces hommes de couleur dans l’armée de la
France libre. Morlaix est choisie comme l’un des points de ralliement. Les
ports de Brest ou du Havre étant hors d’usage, c’est de là que les Africains
doivent embarquer pour rentrer chez eux.
Alors, quand Bady
N’Diaou arrive dans la ville finistérienne, il se hâte de rendre visite à
sa « chère marraine ». « La famille Buron
l’a hébergé, nourri et soigné, lui et un camarade, jusqu’à ce qu’il embarque
pour rentrer au Sénégal », raconte Anne Cousin. En 2011, cette
passionnée a publié Retour tragique des troupes coloniales …
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