Une table-ronde sur
le thème des tirailleurs sénégalais à Lille
Lundi
24 février, s’est tenue à l’Ecole de Sciences Po/Lille une table ronde, dont le
thème était « Tirailleurs Sénégalais, Histoire et Mémoire ».
L’initiative en revient à des étudiants de l’association Méla’Lille,
association « qui met en avant les cultures et identités afro-caribéennes
et sensibilise aux questions raciales. » La table-ronde s’inscrivait dans
le cadre de la semaine « Black History Week[1] », « L’histoire
des Noir.e.s en France », qui s’est tenue à Sciences Po/Lille du 24 au 28
février 2020.
J’ai
eu l’opportunité d’aller assister à la table-ronde, avec Djibril Ndiaye, de
l’AHTiS.
L’assistance
était composée d’une soixantaine d’étudiants de l’école, et de quelques
professeurs de celle-ci. Quelques personnes extérieures, comme nous, étaient
aussi venues. Ainsi un habitant de la ville belge de Dixmude, membre actif
d’une association d’histoire locale.
A
la table, siégeaient six intervenants : le président de l’association Le
Souvenir Français[2],
Serge Barcellini ; l’historienne Armelle Mabon ; le journaliste
Etienne Guillermond ; Marcel Lourel, initiateur de la lettre ouverte aux
maires et aux municipalités pour attribuer à des rues les noms de combattants
coloniaux de la 2e guerre mondiale ; Sira Sylla, députée de la
Seine-Maritime, et Hamidou Samaké, adjoint au maire du 20e
arrondissement de Paris.
Chacun
intervint à tour de rôle, et le temps étant limité, il n’y eut pas vraiment de
débat entre les intervenants.
Retenons
notamment les propos d’Armelle Mabon, qui après avoir rappelé son travail de
recherche historique sur l’histoire des prisonniers de guerre coloniaux de 1940
à 1945 et sur le massacre de Thiaroye en décembre 1944, a souligné l’enjeu
qu’il y a encore à faire toute la lumière sur ce massacre et à obtenir la
localisation des dépouilles des tirailleurs tués, leur nombre exact, leurs
noms, et à obtenir la réhabilitation des soldats condamnés après Thiaroye.
Marcel
Lourel a encouragé les étudiants à « s’emparer de la question
historique » des combattants coloniaux dans la deuxième guerre mondiale. Il
nous a par ailleurs informés que le village d’Arleux, situé dans le département
du Nord, avait honoré un de ses habitants, Abel Adelbaki, ancien combattant
d’origine algérienne de l’armée française, âgé aujourd’hui de 101 ans. Durant
la deuxième guerre mondiale, il a participé aux combats de la libération,
notamment fin 1944 dans les Vosges ; ensuite il servit en Indochine et en
Afrique du Nord. Son nom a été donné à un square de la commune.
Etienne
Guillermond a expliqué qui était Addi Bâ et a incité les jeunes gens, les
étudiants, à aller chercher eux-mêmes l’histoire dans les archives.
« C’est possible, et cela a du sens », dit-il.
Serge
Barcellini a proposé une périodisation de ce que fut la mémoire des tirailleurs
sénégalais en France [3]. Le temps fut trop court
malheureusement pour ouvrir la discussion sur cette périodisation.Les deux élus ont chacun expliqué comment ils soutenaient les initiatives pour faire connaître l’histoire des soldats coloniaux.
Faute
de temps, il n’y eut que quelques interventions du public. Un journaliste
d’Afro New TV a tenu à faire connaître le nom du capitaine Charles N’Tchoréré,
officier français d’origine gabonaise, qui combattit dans la Somme face à
l’offensive allemande et fut assassiné par des militaires allemands le 7 juin
1940 après avoir été fait prisonnier.[4] Le tour de parole dans la
salle fut pour nous l’occasion de faire connaître le travail de l’AHTiS. Chaque
auditeur a d’ailleurs pu partir avec un flyer de l’association.
Les
étudiants présents ont manifestement été intéressés, et ce fut un moment
instructif. Il y aurait sûrement matière à débattre ultérieurement. Mais il
faut saluer une initiative encourageante.
Pour
finir, nous avons noué contact avec mr Bascour, qui habite Dixmude en Belgique,
et est membre actif de l’association d’histoire locale « L’Alloeu terre de
batailles 14-18 »[5] : son association
recherche des traces de la présence des tirailleurs sénégalais dans le secteur
de Nieuport et Dixmude en octobre et novembre 1914. Des restes humains ont été
retrouvés dans le secteur, il y a quelques mois, et les archéologues se renseignent
sur les tirailleurs. En effet, des boutons d’uniforme portant une ancre de
marine ont été découverts. Nous avons pu par la suite communiquer à mr Bascour
les pages du livre Héros Méconnus, publié en 1993 par Maurice Rives et
Robert Dietrich, pages qui concernent ces combats.
Françoise Croset
[1] La
« Black History Week » est organisée en France en référence au
« Black History Month », une commémoration annuelle de l’histoire de
la diaspora africaine célébrée aux Etats-Unis depuis 1976, ainsi qu’au Canada,
et au Royaume Uni plus récemment.
[2] Le
Souvenir Français fut créé en 1887, à la suite de la guerre franco-allemande de
1870, avec pour mission de perpétuer le souvenir des soldats morts pour la
France ; il prend en charge l’entretien des tombes et des monuments
commémoratifs liés aux guerres.
[3] https://le-souvenir-francais.fr/
[4] Voir le
bulletin N° 4-5 de l’AHTIS.
[5]
https://www.facebook.com/lalloeuterredebatailles19141918/
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