Éphéméride / C’était en janvier… au camp militaire du Courneau
Publié le 29 janvier 2024 par Fanny Peyrazat
Les hommes des colonies françaises d’Afrique sont mobilisés dès 1914 pour participer aux combats de la Première Guerre mondiales. Toutefois, ces combattants supportent mal les rigueurs de l’hiver européen. Les autorités militaires françaises construisent alors des camps d’hivernage à Fréjus (Var) et à La Teste de Buch. Le Courneau est le nom d’une parcelle de la Grande Montagne de La Teste située sur le côté est de la forêt usagère.
Le camp accueille entre 1916 à 1917 plus de 27 000 hommes. Ces soldats arrivent du Sénégal, Haut-Sénégal et Niger (actuel Mali), de Mauritanie, de Guinée, de Côte-d’Ivoire, du Dahomey (actuel Bénin). Ils sont appelés les bataillons de tirailleurs sénégalais, ils débarquent à Bordeaux et rejoignent La Teste à pied. Des peuples et ethnies différentes se côtoient ; des Bambaras Toucouleurs, Gourmas, Djermas, Wolof, Mandingues apprennent un langage commun dans un français simplifié pour comprendre les ordres et vivre en communauté. Ils reçoivent aussi une instruction militaire.
Le camp comprend 400 baraquements, un hôpital et des lieux d’entrainement. L’aménagement est sommaire, les soldats dorment sur le sol dans les litières rembourrées de pailles et de fougères chauffage poêle à bois. La réputation du climat sain du bassin d’Arcachon aurait dû permettre à ces soldats de passer un hiver loin des rigueurs du front de l’est. Mais les moyens ont manqué pour construire un camp correct. Une puissante humidité imprègne les lieux avec les marécages qui entourent le camp et les recrues contractent des maladies respiratoires. Les tirailleurs sont victimes du pneumocoque, d’affections pulmonaires, de la rougeole, de la tuberculose.
Le camp du Courneau est baptisé le « camp de la misère ».
Blaise Diagne, premier député sénégalais, dénonce au Parlement ces conditions d’hivernage déplorables. Le Service de Santé militaire alerte sur la grande insalubrité du camp et demande entre autre que le sol des baraquements soit surélevé et que des fossés d’écoulement des eaux pluviales soient creusés entre les cabanes. Il recommande même l’évacuation des lieux vers des endroits plus cléments. Plus de 1000 africains sont morts dans ce camp loin du front et de la guerre. La nécropole nationale de la Teste de Buch, situé au lieu-dit Natus, sur le chemin 214, appelé aussi la route des Sénégalais, regroupe les corps de 956 tirailleurs sénégalais, 9 Russes et 2 Français décédés à l’hôpital du camp d’instruction du Courneau.
Ce monument demeure ainsi le seul vestige du camp.
Article de Isabelle Antonutti – Société Historique et Archéologique d’Arcachon et du Pays de Buch
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