De Nice à
Menton, ils ont marché pour rendre hommage aux Tirailleurs sénégalais morts
pour la France
Lancé il y a 15 ans par l’association Mémoire du Tirailleur Sénégalais, ce pèlerinage entre Nice et Menton vise à rendre hommage aux milliers de soldats africains morts pour la France.
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Margaux Boscagli Publié le 09/05/2023 à 13:16, mis à jour le 09/05/2023 à 17:03
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Les marcheurs ont terminé leur périple au cimetière du Trabuquet, où 1 137 soldats africains sont enterrés. Cyril Dodergny |
C’est une tradition depuis 2008. Chaque année, l’association Mémoire du Tirailleur Sénégalais (A.M.T.S.) organise une marche reliant Nice à Menton en hommage aux soldats coloniaux morts pour la France. L’enjeu : sensibiliser la population azuréenne, et les nouvelles générations, à ce pan de l’histoire encore trop méconnu.
Une cinquantaine de personnes, dont des élèves du lycée Sasserno de Nice, y ont participé, ce lundi. Ils ont terminé leur périple dans l’après-midi au cimetière du Trabuquet, sur les hauteurs de Menton, où 1.137 tirailleurs sénégalais, guinéens, burkinabés, malgaches ou encore indochinois sont enterrés.
Un long processus de
reconnaissance
"Un très long processus
", se
remémore Patrice Novelli, adjoint à la Ville de Menton, en charge du dossier à
l’époque. "Car après ce
travail de fourmi, encore fallait-il trouver des financements pour ce mémorial.
Je peux dire qu’on avait écrit à une vingtaine de pays d’Afrique noire, et
malheureusement, nous avons eu très peu ou quasiment pas de réponses positives
à ce moment-là… C’est grâce à l’opiniâtreté de Gaspard qu’on a réussi. La
première porte à laquelle on a tapé et nous ayant répondu positivement était
celle de la Principauté de Monaco…", poursuit l’élu.
"Faire entendre leur histoire"
Ce n’est que le 1er novembre
2012, soit quatre ans plus tard, que Gaspard Mbaye parvient enfin à inaugurer
le monument du tirailleur Sénégalais au cimetière du Trabuquet. Une statue
réalisée par Joël Vergne, devant laquelle les lycéens ont lu, hier après-midi,
plusieurs poèmes dédiés à ces soldats africains. "En ce 8 mai, jour si symbolique pour la
France, il est important de se rappeler les alliés qui ont aidé la France. Nous
sommes là pour faire entendre leur histoire", ont-ils déclamé
avant d’entamer la Marseillaise et de procéder aux dépôts de gerbes.
Lancée en février, cette "lettre ouverte au Président de la République" a déjà recueilli plus de 2.178 signatures. |
Une
pétition pour l’entrée du tirailleur au Panthéon
Après ce travail au niveau local, l’association entend aller "encore plus loin".
"Pour que cette histoire - qui fait partie de l’histoire nationale - puisse être enseignée", indique Gaspard Mbaye. Le professeur et fervent militant s’est donc lancé dans un nouveau combat : celui de faire entrer le tirailleur au Panthéon.
Pour ce faire, il a créé une pétition, sous forme de lettre ouverte adressée au Président de la République, dans laquelle il rappelle que les Tirailleurs "sont de tous les combats, de toutes les guerres de la France depuis le second XIXe".
Invitant Emmanuel Macron à "mesurer à sa juste valeur le sacrifice de ces hommes, qui ont donné sang, corps et âme, pour que nous vivions, aujourd’hui, dans une France libre". Mise en ligne en février, celle-ci a déjà récolté plus de 2.178 signatures.
"Cette panthéonisation permettrait de faire entrer cette partie de l’histoire dans les programmes scolaires. Pour que nous, enseignants, nous puissions l’aborder avec nos élèves", souligne Gaspard Mbaye.
Un "geste fort" qui signifierait, pour le président de l’association Mémoire du Tirailleur Sénégalais, "que ces soldats ne sont plus inconsidérés". "Ce serait pour moi la seule réponse acceptable de la part de l’État", martèle-t-il encore.
"On espère être entendus. Susciter des réactions ou une forme de prise de conscience."
Le contexte national pourrait jouer en faveur de l’association.
Depuis janvier, l’histoire de ces militaires africains a souvent été au cœur de l’actualité avec la sortie du film Tirailleurs, avec Omar Sy, ou encore l’annonce du ministère des Solidarités indiquant que les derniers tirailleurs sénégalais pourront rentrer dans leur pays d’origine tout en continuant de toucher le minimum vieillesse.
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