L'histoire méconnue
des Tirailleurs sénégalais, soldats qui ont servi pendant la Première Guerre
mondiale
1.137 soldats coloniaux reposent dans les carrés militaires du cimetière du Trabuquet qui surplombe le vieux Menton. Un hommage leur a été rendu hier. Voici leur histoire.
Célia Malleck Publié le 02/11/2022 à 12:45, mis à jour le 02/11/2022 à 11:22
C’est un passage obligé. À
chaque Toussaint, la Ville de Menton rend hommage aux soldats coloniaux morts
pour la France. Dans la cité, 1.137 Tirailleurs sénégalais, maliens, guinéens,
burkinabés, malgaches ou encore indochinois sont enterrés au cimetière du
Trabuquet.
Ils ont tous servi sous le
drapeau tricolore lors de la Première Guerre mondiale et se sont éteints sur
les bords de la Méditerranée, dans les hôpitaux militaires mentonnais.
Pendant 80 ans, leurs noms
et leur sacrifice avaient été oubliés jusqu’à ce qu’un prof d’histoire exhume
leur mémoire et mette au jour le plus important carré militaire après Fréjus.
Durant 80 ans, l’existence de ces soldats tombés pour la France lors de la guerre de 14-18 avait été en partie oubliée. Photo C. M. |
4 à 6 corps dans une même tombe
C’était il y a dix ans, mais
Gaspard Mbaye s’en souvient comme si c’était hier. Le 1er novembre 2012, le
président de l’association mémoire Tirailleurs sénégalais (AMTS) inaugure le
monument aux Morts en présence du Souvenir Français, de la Ville, du
Département et de la Région ainsi qu’un représentant du président de la
République du Sénégal. L’aboutissement d’un combat qui dura quatre ans.
Depuis la création de son
association en 2008, l’enseignant et fils de Tirailleur sénégalais milite pour
la création d’un mémorial. Il s’est plongé dans les archives municipales et les
registres de l’armée française. Il a écumé les fosses communes du Trabuquet à
la recherche des dépouilles. "Il y avait des noms qui manquaient,
raconte Gaspard Mbaye. Plusieurs soldats étaient enterrés dans la même
tombe [au carré d’Orient, par exemple, certaines peuvent contenir 4 à
6 corps, ndlr], mais seul le nom du dernier inhumé était marqué sur la
stèle."
Ses recherches lui
permettent d’identifier 1.137 soldats dont les noms sont aujourd’hui gravés sur
vingt plaques commémoratives dans le carré Champagne. L’historien découvre
qu’ils ont combattu dans les tranchées, dans l’Aisne, la Somme ou encore à
Verdun, avant d’être envoyés à Menton pour être soignés.
Après la Ville de Menton et l’association mémoire Tirailleurs sénégalais, l’association Nice Madagascar a déposé une gerbe en hommage aux soldats malgaches enterrés au Trabuquet. Photo C.M. |
Des
soldats soignés à Menton
Entre 1914 et 1920, les
soldats blessés ou malades du front occidental étaient évacués par des trains
sanitaires jusque dans le Sud-Est de la France. Fréjus et Menton sont les camps
les plus importants. Dans la cité du citron, les premiers blessés de la Grande
Guerre sont soignés au collège de Menton. L’hôpital de 50 lits est vite
débordé, les hôtels sont réquisitionnés. C’est le cas du Louvre, de
l’Alexandra, qui sera réservé aux tuberculeux ou soldats atteints de maladies
contagieuses, ou encore du Carlton, qui deviendra un laboratoire de recherche
sur les techniques chirurgicales et sur le matériel opératoire. Certains
repartiront au front, mais beaucoup d’entre eux mourront à Menton.
"On devait honorer
leur mémoire", estime Gaspard Mbaye
qui vient déposer chaque Toussaint une gerbe de fleurs au pied de la statue du
Tirailleur sénégalais. Comme l’association Nice Madagascar venue rendre hommage
aux 156 Tirailleurs malgaches inhumés au Trabuquet.
"C’est notre mission
de ne pas les oublier", dira le curé
Régis Peillon. "Notre mission est d’entretenir leurs tombes, conclura
Rémy Delaunay, le président du Souvenir français de Menton. Ces tombes,
c’est notre histoire. À nous le souvenir, à eux l’immortalité."
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