82ème anniversaire du massacre de Chasselay
Le 20 juin 1940, au nord de Lyon, dans le village de Chasselay, 48 tirailleurs sénégalais du 25e RTS furent assassinés par des militaires allemands, très probablement des SS (le 19 juin, 8 soldats et officiers français de ce régiment avaient déjà été tués à Lissieux, juste à côté de Chasselay). Les chars allemands broyèrent les corps des soldats coloniaux.
Depuis 1942, à l’initiative d’un habitant
de la région, monsieur Jean Marchiani, directeur de l'Office Départemental des Anciens Combattants, ils furent enterrés dans un cimetière
unique en Europe, le Tata : ses murs sont de couleur ocre rouge, ils sont
d’architecture soudanaise. « Tata » signifie « enceinte
sacrée » où reposent les guerriers morts au combat. Le Tata de Chasselay,
où désormais 198 tombes sont rassemblées, est devenu nécropole nationale.
Chaque année, fin juin et le 11 novembre, ont lieu au Tata des cérémonies de
commémoration en l’honneur de ces soldats.
En 1992, fut produit un très beau
film documentaire, Le Tata -Paysages de pierres [1].
Il reste malheureusement encore trop peu connu ; il est le résultat d’un
véritable travail d’enquête historique sur ce qui s’est passé, et les auteurs
ont pu interroger plusieurs témoins, aujourd’hui disparus.
Au début des années 2000, alors
que j’engageais mes recherches sur l’histoire des tirailleurs sénégalais et sur
les traces que leur présence en France avaient laissées, j’avais eu la chance
de rencontrer à Chasselay madame Suzanne Russier, qui habitait le village et
avait 10 ans à l’époque des combats dans le Lyonnais et du massacre dans le
village. Elle n’oublia jamais cette sanglante journée du 20 juin et elle avait
écrit des poèmes dédiés aux tirailleurs assassinés.
En janvier et en février 2022,
l’Ahtis a évoqué sur son blog le Tata de Chasselay : le 27 janvier une
plaque portant les noms de 25 tirailleurs sénégalais fut apposée sur le mur
d’enceinte du Tata lors d’une cérémonie officielle présidée par madame
Darrieussecq, ministre déléguée à la Mémoire et aux Anciens combattants. Notre
billet de février précisait que contrairement aux annonces initiales,
l’identification de ces 25 tirailleurs ne résultait pas de « recherches
génétiques », mais ainsi que me l’avait communiqué l’historien Julien
Fargettas [2],
d’études menées par lui sur des archives locales. A ce jour, la nature de ces
recherches et les modalités de l’identification des 25 soldats coloniaux ne
sont toujours pas clarifiées. C’est regrettable et propice aux
interrogations ; en témoignent l’article publié sur le site d’information
Médiapart [3]
par l’historienne Armelle Mabon et un reportage diffusé sur la chaîne Al
Jazeera..
Le souvenir des combats dans le
Lyonnais revient dans l’actualité dans d’autres localités. Ainsi, dans la commune
de Marcy-L’Etoile, située au nord-ouest de Lyon, la municipalité a honoré par
une stèle, au printemps 2022, Mahang Sarr,
tirailleur sénégalais fusillé sur le territoire du bourg le 20 juin 1940. Une
exposition sur l’histoire des tirailleurs sénégalais fut présentée à la
médiathèque et le film Le Tata -Paysages de pierres fut projeté.
Il n’y a plus aujourd’hui de
témoins de ces douloureux événements ; cependant, l’intérêt pour ce passé,
dans toute sa complexité, est à l’ordre du jour.
[1] Réalisé
par Patrice Robin et produit par Eveline Berruezo. Pour tout contact afin de
voir le film, le lien est : http://tirailleurs-senegalais.fr.
[2] Julien
Fargettas a publié en 2020 un livre sur les combats de juin dans la région de
Lyon et sur le massacre de Chasselay, Juin 1940. Combats et massacres en
Lyonnais, éd du Poutan.
[3] Armelle MABON, BILLET DE BLOG 19 JUIN 2022, Hommage ou outrage? https://blogs.mediapart.fr/armelle-mabon Et reportage sur la chaîne Al Jazeera https://www.facebook.com/ajplusfrancais/videos/404979441579594
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