Massacre de
Thiaroye 1944 : la France affirme n’avoir « rien à cacher », les zones d’ombre
persistent
Par: La rédaction 15/12/2025
Invitée dimanche sur la Radiodiffusion télévision
sénégalaise (RTS), l’ambassadrice de France au Sénégal, Christine Fages, est
revenue sur la question sensible du massacre de Thiaroye de 1944,
officiellement reconnu comme tel par la France l’an dernier. Face aux
interrogations persistantes, la diplomate a tenu à réaffirmer que son pays n’a
« rien à cacher » sur cet épisode tragique de l’histoire coloniale.
Selon Christine Fages, la grande majorité des archives
françaises relatives aux événements de Thiaroye ont déjà été déclassifiées et
sont accessibles aux chercheurs. Elle a toutefois reconnu l’existence de deux
exceptions majeures. La première concerne le manifeste du navire ayant
transporté les tirailleurs africains de retour à Dakar après la Seconde Guerre
mondiale. Ce document, a-t-elle précisé, relève des autorités britanniques et
demeure introuvable dans les archives françaises. La seconde exception porte
sur un dossier individuel, toujours protégé par l’amnistie décidée par le
Conseil d’État français en 1947, ce qui empêche sa communication.
Ces explications n’ont cependant pas suffi à dissiper les
doutes. Des historiens africains, appuyés par les autorités sénégalaises,
continuent de dénoncer ce qu’ils considèrent comme une rétention de documents
essentiels. Selon eux, certains éléments clés manquent encore pour établir avec
précision les responsabilités exactes et, surtout, le nombre réel de
tirailleurs tués lors de la répression.
Pour ces chercheurs, la reconnaissance officielle du
massacre constitue une avancée importante, mais insuffisante. Ils estiment que
l’accès partiel aux archives limite la compréhension complète de l’ampleur du
drame. « La vérité sur l’ampleur du drame reste partiellement inaccessible »,
soulignent-ils, appelant à une transparence totale et à une coopération
renforcée entre la France, le Sénégal et les institutions de recherche
internationales.
Plus de 80 ans après les faits, le massacre de Thiaroye
demeure ainsi un sujet de mémoire et de tensions historiques. Entre volonté
diplomatique d’apaisement et exigences de vérité historique, le débat reste
ouvert, illustrant les difficultés persistantes à faire toute la lumière sur
les crimes du passé colonial.

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