Débarquement de Provence : l’oublié du roman national
Jeudi 15 août 2024
Saint-Tropez, sud-est de la France, en août 1944, les troupes alliées débarquent sur la côte provençale au cours de l'opération « Dragoon », saisissant l'occupa ©AFP - AFP |
Le 15 août 1944 a lieu l’opération Dragoon. Ce débarquement de Provence est un succès qui concourra à la fin de la guerre. Pour autant, il reste peu connu, éclipsé par l’opération normande et la libération de Paris. Pourquoi a-t-il été oublié, alors que la France y a joué un rôle important ?
Avec
- Jean-Arthur Noïque professeur d’histoire-géographie au lycée Frédéric-Mistral à Avignon et docteur en histoire
- Géraud Létang Historien, chercheur au Service Historique de la Défense. Spécialiste des empires coloniaux et de la Seconde guerre mondiale
Le débarquement de Provence, appelé formellement "opération Dragoon" commence à 8h du matin le 15 août.
Une opération incertaine
Géraud Létang : "Jusqu'aux premiers jours d'août, on ne savait pas si cette opération aurait lieu. Les Britanniques n'y tiennent pas vraiment, ils préféreraient aller davantage vers l'Italie et les Balkans parce que le but de tous les alliés est d'atteindre le Reich nazi le plus vite possible. Les Américains y tiennent néanmoins parce qu'ils veulent très vite arriver en Europe de l'Ouest et rejoindre la vallée du Rhône." Au bout de trois semaines, l'armée, appelée "armée B", a libéré l'équivalent d'un tiers du territoire français.
Composition de l'armée B
L'armée française est construite avec plusieurs unités hétéroclites, 230 000 hommes qui composent l'armée dite "B". Jean-Arthur Noïque précise que "la plupart des soldats découvrent la France, puisque les divisions de cette armée ont été formées en Afrique. Il y a notamment la 9e division d'infanterie coloniale, ce sont des tirailleurs sénégalais, la 3e division d'infanterie algérienne ou encore deux divisions qui viennent du Maroc."
Général de Lattre de Tassigny
Cette armée est dirigée par le général de Lattre de Tassigny. Contrairement au général de Gaulle ou au général Leclerc, il a d'abord reconnu l'armistice signée par le maréchal Pétain. Il est resté dans l'armée française et c'est le 11 novembre 1942, quand les Allemands franchissent la ligne de démarcation, qu'il ordonne à ses troupes de résister. Selon Jean-Arthur Noïque, "on reproche au général de Lattre de Tassigny sa raideur. Les relations sont extrêmement tendues entre Leclerc et Delattre. Et Leclerc ne veut absolument pas continuer à combattre sous les ordres de Delattre."
Les raisons de l'oubli
Plusieurs raisons à l'oubli de cet événement. La Libération de Paris prédomine dans la mémoire nationale. Ensuite, l’armée B a du mal à exister, car n’entre ni dans le récit gaulliste ni dans le récit communiste. Par ailleurs, aucun grand film n'en fait état. Autre explication encore, la Provence n'est pas un lieu du tourisme de guerre, contrairement à la Normandie.
Pour écouter : Débarquement de Provence : l’oublié du roman national | France Culture (radiofrance.fr)
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