Deux-Sèvres : cet Ivoirien mort pour la France est désormais enterré à Sanzay
Publié le 27/11/2021 à 19:00 | Mis à jour le 27/11/2021 à 19:16
La tombe de N'zi KLouakou dévoilée ce samedi 27 novembre à Sanzay est désormais plus digne de son sacrifice pour la France
© photo NR
La commune de Sanzay (Deux-Sèvres) accueillait ce samedi 27 novembre une
cérémonie en hommage à un tirailleur sénégalais mort pour la France le 4
juillet 1940.
N’zi Kouakou n’espérait sans doute pas l’hommage que lui a rendu,
samedi 27 novembre 2021 à Sanzay, la France par l’intermédiaire des
élus, des anciens combattants, d’un détachement de l’Ensoa mené par le général
Franck Chatelus et des enfants d’Argentonnay. Il s’en serait sans doute passé,
préférant apprécier chaque jour de sa vie de cultivateur ivoirien. Mais la
Seconde Guerre mondiale est venue le chercher et mettre fin à sa vie à l’âge de
23 ans.
Désormais, N’zi Kouakou repose dans une tombe perpétuelle qui
sera entretenue par le Souvenir français à la charge de l’État. Mais
l’itinéraire de cet enfant des colonies reconstitué par Hugues Menuault n’aura
pas été de tout repos.
Né en 1917 à Prikro, cet Ivoirien de l’ethnie Baoulé est incorporé au 5e bataillon des tirailleurs sénégalais le 26 mai 1938. Après son instruction, il embarque le 31 janvier 1940 sur le paquebot
emprunté par le maréchal Lyautey pour regagner la métropole et débarque à
Marseille le 8 février.
Son itinéraire militaire ne dit pas grand-chose de sa « drôle de
guerre ». Mais le 22 juin 1940, il se retrouve avec des compagnons d’armes
à Argenton-Château, où les cadets de Saumur ont établi un poste de défense
contre l’avancée allemande. La résistance des cadets de Saumur à
Argenton-Château et à Bressuire est restée dans l’histoire locale mais on
oubliera un peu qu’ils combattaient avec des tirailleurs sénégalais.
La mort plutôt que la captivité
On ne sait pas grand-chose des circonstances qui amèneront N’zi Kouakou et
un compagnon d’armes, Kongro Kouami, Ivoirien lui aussi, à se réfugier dans une
cabane sur un terrain appartenant à Georges Jouffrault (devenu depuis le Clos
de l’oncle Georges). Les deux hommes reçoivent l’aide des habitants jusqu’à ce
qu’ils soient dénoncés. Kongro se rend à la gendarmerie avant d’être transféré
entre les mains des Allemands.
Mais ce 4 juillet 1940, N’zi, encerclé, préfère se tuer. "Cet homme engagé est allé jusqu’au sacrifice ultime",
salue la sous-préfète Catherine Labussière. "Il a ainsi échappé au destin
de beaucoup de ses compagnons d’armes qui ont trouvé la mort dans des
stalags."
"Il est enterré à Sanzay parce que la partie du Clos de l’oncle
Georges où il a été tué était sur cette commune", explique Armelle Cassin,
maire d’Argentonnay. "Il n’a été reconnu mort pour la France que le 8
septembre 1954."
Cette cérémonie est l’occasion de rappeler
que des forces africaines ont combattu pour nous durant la Seconde Guerre
mondiale.
Catherine Labussière, sous-préfète de
Bressuire, Sanzay
Entretenue un temps par le Souvenir français et la commune de Sanzay, sa
tombe - un simple monticule surmonté d’une croix de bois - demeure dans un
relatif anonymat jusqu’en 2019 quand le Souvenir français s’émeut du peu de cas
qu’on fait de son sacrifice. Sa sépulture obtient alors le statut de tombe
perpétuelle à la charge de l’État.
"Nous devions organiser cette cérémonie plus tôt mais la pandémie nous
a conduits à la reporter", explique Armelle Cassin. "Cette cérémonie
est l’occasion de rappeler que des forces africaines ont combattu pour nous
durant la Seconde Guerre mondiale", reprend la sous-préfète de Bressuire,
en s’adressant aux enfants des écoles d’Argentonnay qui ont lu un poème
et découvert cette histoire en classe. "Elle vous montre que
l’histoire de notre pays s’est aussi déroulée ici, près de chez vous."
Des recherches difficiles
Conseiller
municipal d’Argentonnay, Hugues Menuault a tenté de reconstituer au mieux
l’histoire de N’zi Kouakou. "Les recherches ont été compliquées. On ne
disposait que de quelques informations qu’il a fallu creuser", explique le
référent histoire de la commune. "Mais j’ai eu la chance d’entrer en
contact avec Hervé Chaudron qui menait des recherches sur les cadets de Saumur
et nous avons pu croiser nos informations. N’zi Kouakou est sans doute resté
ici avec Kongro Kouami parce qu’ils étaient épuisés après plusieurs jours de
marche forcée. Ils n’en pouvaient plus." L’Argentonnais a évidemment tenté
de retrouver des traces de la famille du soldat mais en vain.
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