Saturday, December 04, 2021

Deux-Sèvres : cet Ivoirien mort pour la France est désormais enterré à Sanzay

 

Publié le 27/11/2021 à 19:00 | Mis à jour le 27/11/2021 à 19:16

La tombe de N'zi KLouakou dévoilée ce samedi 27 novembre à Sanzay est désormais plus digne de son sacrifice pour la France
© photo NR

La commune de Sanzay (Deux-Sèvres) accueillait ce samedi 27 novembre une cérémonie en hommage à un tirailleur sénégalais mort pour la France le 4 juillet 1940.

N’zi Kouakou n’espérait sans doute pas l’hommage que lui a rendu, samedi 27 novembre 2021 à Sanzay, la France par l’intermédiaire des élus, des anciens combattants, d’un détachement de l’Ensoa mené par le général Franck Chatelus et des enfants d’Argentonnay. Il s’en serait sans doute passé, préférant apprécier chaque jour de sa vie de cultivateur ivoirien. Mais la Seconde Guerre mondiale est venue le chercher et mettre fin à sa vie à l’âge de 23 ans.

Désormais, N’zi Kouakou repose dans une tombe perpétuelle qui sera entretenue par le Souvenir français à la charge de l’État. Mais l’itinéraire de cet enfant des colonies reconstitué par Hugues Menuault n’aura pas été de tout repos.

Né en 1917 à Prikro, cet Ivoirien de l’ethnie Baoulé est incorporé au 5e bataillon des tirailleurs sénégalais le 26 mai 1938. Après son instruction, il embarque le 31 janvier 1940 sur le paquebot emprunté par le maréchal Lyautey pour regagner la métropole et débarque à Marseille le 8 février.
Son itinéraire militaire ne dit pas grand-chose de sa « drôle de guerre ». Mais le 22 juin 1940, il se retrouve avec des compagnons d’armes à Argenton-Château, où les cadets de Saumur ont établi un poste de défense contre l’avancée allemande. La résistance des cadets de Saumur à Argenton-Château et à Bressuire est restée dans l’histoire locale mais on oubliera un peu qu’ils combattaient avec des tirailleurs sénégalais.

La mort plutôt que la captivité

On ne sait pas grand-chose des circonstances qui amèneront N’zi Kouakou et un compagnon d’armes, Kongro Kouami, Ivoirien lui aussi, à se réfugier dans une cabane sur un terrain appartenant à Georges Jouffrault (devenu depuis le Clos de l’oncle Georges). Les deux hommes reçoivent l’aide des habitants jusqu’à ce qu’ils soient dénoncés. Kongro se rend à la gendarmerie avant d’être transféré entre les mains des Allemands.

Mais ce 4 juillet 1940, N’zi, encerclé, préfère se tuer. "Cet homme engagé est allé jusqu’au sacrifice ultime", salue la sous-préfète Catherine Labussière. "Il a ainsi échappé au destin de beaucoup de ses compagnons d’armes qui ont trouvé la mort dans des stalags."

"Il est enterré à Sanzay parce que la partie du Clos de l’oncle Georges où il a été tué était sur cette commune", explique Armelle Cassin, maire d’Argentonnay. "Il n’a été reconnu mort pour la France que le 8 septembre 1954."

Cette cérémonie est l’occasion de rappeler que des forces africaines ont combattu pour nous durant la Seconde Guerre mondiale.

Catherine Labussière, sous-préfète de Bressuire, Sanzay

Entretenue un temps par le Souvenir français et la commune de Sanzay, sa tombe - un simple monticule surmonté d’une croix de bois - demeure dans un relatif anonymat jusqu’en 2019 quand le Souvenir français s’émeut du peu de cas qu’on fait de son sacrifice. Sa sépulture obtient alors le statut de tombe perpétuelle à la charge de l’État.

"Nous devions organiser cette cérémonie plus tôt mais la pandémie nous a conduits à la reporter", explique Armelle Cassin. "Cette cérémonie est l’occasion de rappeler que des forces africaines ont combattu pour nous durant la Seconde Guerre mondiale", reprend la sous-préfète de Bressuire, en s’adressant aux enfants des écoles d’Argentonnay qui ont lu un poème et découvert cette histoire en classe. "Elle vous montre que l’histoire de notre pays s’est aussi déroulée ici, près de chez vous."

Des recherches difficiles

Conseiller municipal d’Argentonnay, Hugues Menuault a tenté de reconstituer au mieux l’histoire de N’zi Kouakou. "Les recherches ont été compliquées. On ne disposait que de quelques informations qu’il a fallu creuser", explique le référent histoire de la commune. "Mais j’ai eu la chance d’entrer en contact avec Hervé Chaudron qui menait des recherches sur les cadets de Saumur et nous avons pu croiser nos informations. N’zi Kouakou est sans doute resté ici avec Kongro Kouami parce qu’ils étaient épuisés après plusieurs jours de marche forcée. Ils n’en pouvaient plus." L’Argentonnais a évidemment tenté de retrouver des traces de la famille du soldat mais en vain.

 Deux-Sèvres : cet Ivoirien mort pour la France est désormais enterré à Sanzay (lanouvellerepublique.fr)

0 Comments:

Post a Comment

<< Home