Friday, August 01, 2025

 

Histoire. Souvenons-nous tous de Tiémoko Koné

Une stèle rappelle désormais la tragique disparition de cet homme froidement abattu en temps de guerre.

Publié le 03 juillet 2025 à 06h00

 Jacqueline Geyneton avec les membres de la famille Koné et les officiels. © Droits réservés

Dans son édition du 19 janvier 2023, Le Pays relatait cette histoire de retrouvailles entre la famille d’un tirailleur sénégalais exécuté sommairement le 23 juin 1940 par les nazis, en bord de Loire à Feurs, et Mme Geneyton qui, enfant, se rendait au cimetière pour fleurir cette tombe ornée d’un croissant (et non pas d’une croix), qui n’en recevait jamais. Quatre-vingt-cinq ans plus tard, jour pour jour, une stèle au nom de Tiémoko Koné a été dévoilée, le 23 juin, chemin du gour de Randan, sur le lieu supposé de son exécution.

Comment en est-on arrivé là ? Il y a 20 ans le Montbrisonnais Rémi Poirieux, dans le cadre de ses activités professionnelles, rencontre à Toulouse Issa Koné, médecin généraliste à Marseille qui lui signifie (en tant que Ligérien) que son oncle Tiémoko Koné, tirailleur sénégalais, a été exécuté par les nazis le 23 juin 1940 à « Fleurs ». En 2018, une soirée est organisée à Montbrison, sur le thème de « La Loire durant la guerre ». Dans la salle, Issa Koné explique qu’à la demande de son père, sa présence se justifie pour retrouver les traces de son oncle Tiémoko.

En entendant ce nom une dame se lève dans la salle en disant que ce nom lui parle… C’était inespéré. En effet, Jacqueline Geneyton, alors âgée de 7 ans en 1940, se rendait au cimetière fleurir cette tombe qui ne recevait jamais de fleurs. Alors commence un long travail de recherches que Rémi Poirieux mènera à bien jusqu’à ce jour, malgré de nombreuses péripéties (inversion du nom et du prénom, erreur de transcription…). En 2005, Rémi poirieux prendra contact avec le maire de Feurs, Benoît Gardet, qui lui facilitera ses recherches.

Il y a un an, il a finalisé cette cérémonie du souvenir avec la maire actuelle, Marianne Darfeuille, afin que le sacrifice de Tiémoko Koné ne sombre pas dans les oubliettes de l’histoire. L’homme repose depuis 1958 à la nécropole de La Doua, à Lyon. Son fère, Issa, vint plusieurs fois à Feurs avant de décéder, le 6 janvier 2025, hélas sans pouvoir assister à la cérémonie du 23 juin dernier. Il avait aussi rencontré les élèves du lycée du Puits-de-l’Aune qui travaillent sur le projet « Mémoires oubliées, histoires inachevées » qui concerne aussi des soldats guinéens.

L’émotion était palpable tout au long de la cérémonie du 23 juin dernier, « avec cet hommage à un homme venu d’Afrique pour défendre notre patrie ». Maintenant, Tiémoko Koné peut reposer en paix.

23 juin 1940. L’armée française est en pleine débâcle dans la région. Les effectifs de ses régiments venus d’outre-mer sont dispersés et deviennent une proie facile pour l’armée allemande. Un élément, le sergent Tiémoko Koné, originaire du Mali, âgé de 30 ans, engagé en 1938 dans un régiment de tirailleurs sénégalais, tombe entre les mains de la Waffen-SS sur la Route nationale (RN) 89, vers le péage actuel de l’autoroute. Selon des témoignages d’habitants de l’époque, ce soldat a été obligé de courir pendant 2,5 km devant les soldats allemands qui, eux, étaient à moto. Jusqu’à l’entrée de Feurs où, épuisé, il s’est effondré sur le pont sur la Loire. Là, il fut exécuté avec une arme de poing. Sur ordre du maire de Feurs de l’époque, le Pétainiste Maxime Gény, la dépouille de Tiémoko Koné a été inhumée au nouveau cimetière avant d’être transférée à la nécropole nationale de La Doua, dans le Rhône, le 21 novembre 1958. Sa famille a été avisée de son décès en janvier 1943 avant qu’en octobre 1953, la République françaises n’inscrive sur son acte de décès « Mort pour la France ».

FEURS. Souvenons-nous tous de Tiémoko Koné - Le Pays Roannais

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