Mamadou Hady Bah, le tirailleur sénégalais devenu héros de la Résistance
Mamadou Hady Bah, le tirailleur sénégalais devenu héros de la Résistance
Mercredi 21
mai 2025
Photographie de Mamadou Hady Bah avec son sabre ©Radio France - Camille Waldschmidt |
Podcast à écouter :
Héros oublié de la Résistance, Mamadou
Hady Bah, tirailleur sénégalais fusillé en 1943, a dirigé le premier maquis
vosgien. Son engagement, longtemps effacé de la mémoire collective, renaît
aujourd’hui grâce au travail des historiens et aux témoignages de ceux qui
l'ont connu.
Avec
- Gérard
Noiriel, historien,
directeur d'études à l’EHESS, spécialiste de l’immigration et de
l’histoire de la classe ouvrière.
Engagé volontaire dans l’armée française, évadé de captivité
puis chef de maquis dans les Vosges, Mamadou Hady Bah est une figure
exceptionnelle de la Résistance française. Dans le dernier
épisode de la saison 2 de la série "La Voix des invisibles",
l’historien Gérard Noiriel retrace le parcours de ce tirailleur
sénégalais musulman, fusillé en 1943 par la Gestapo. Longtemps méconnu,
son rôle dans la Résistance est désormais reconnu et valorisé grâce à la mémoire collective, portée par les témoins,
les familles et les travaux des chercheurs.
Du service
domestique à l'armée française
Né en Guinée en 1911, Hady Bah est d’abord domestique en
métropole avant de s’engager volontairement dans l’armée française en 1939.
Affecté au 12ᵉ régiment
de tirailleurs sénégalais, il combat dans les
Ardennes, est fait prisonnier puis s’évade. Son parcours révèle une histoire coloniale souvent réduite au
silence, où les aspirations républicaines des soldats africains se heurtent à
la réalité de
Un tirailleur
devenu chef de maquis
Réfugié à Tolincourt, Hady Bah rejoint la Résistance aux côtés de Marcel
Arburger. Ensemble, ils fondent le maquis de la Délivrance, lieu d’accueil pour
les réfractaires au STO. Hady Bah y joue un rôle déterminant, multipliant les
missions de renseignement, d’évasion, et d’aide aux
fugitifs. Arrêté et torturé, il est fusillé par les nazis le 18 décembre
1943. Alors que d’autres résistants sont décorés à la Libération, son nom disparaît des hommages
officiels.
La lente
reconnaissance d’un résistant oublié
Il faut attendre les années 2000 pour que l’histoire de
Mamadou Hady Bah resurgisse. Grâce aux recherches du journaliste Étienne
Guillermont et du colonel Maurice Rive, et au témoignage d’habitants de
Tolincourt, son rôle dans la Résistance est documenté. En 2003, il
reçoit enfin une décoration posthume. Mais de récents actes de
profanation rappellent que les valeurs pour lesquelles il a combattu restent
fragiles, et que le travail de mémoire reste essentiel.
Bibliographie
- Étienne Guillermond, Addi
Bâ, résistant des Vosges, Paris, éditions Duboiris, 2013.
- Maurice Rives, "Les
tirailleurs malgaches et sénégalais dans la Résistance", Hommes
et Migrations, n° 1158, octobre 1992.
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