Saturday, February 18, 2012

Bulletin n° 1 – Décembre 2006

Sommaire :

· Des tirailleurs sénégalais aux ouvriers africains : une histoire continue. Analyse du témoignage de Madame Christiane Juen (F. Croset)

Pour mener à bien le travail de recherche sur l’histoire des soldats africains de l’armée française, les témoignages personnels sont un matériau précieux. Le silence fut tel en France sur ce sujet de 1945 à récemment qu’une des tâches des historiens est de permettre de libérer la parole des témoins qui ont connu les combattants africains de la deuxième guerre mondiale et en gardent le souvenir.
Dans le passé de la France, un des moments importants et néanmoins longtemps occulté, fut la présence massive sur le territoire national des soldats venus des colonies au début de la seconde guerre mondiale. A l’instar des autres régions frontalières du nord et de l’est de la France, l’Alsace vit arriver en septembre 1939 des régiments de soldats « indigènes » des colonies. L’Alsace, réintégrée dans le territoire national après la première guerre mondiale, était particulièrement menacée en cas d’offensive militaire allemande.Ces soldats étaient une composante importante de l’armée française à l’époque. Déjà durant la guerre de 1914-1918, l’Etat major avait massivement eu recours à eux...




· Christiane et les tirailleurs (C. Juen)

(Récit de Madame Christiane JUEN - entretiens avec Françoise CROSET, 20 février 2005 et 12 mai 2006)
Je suis née en 1922. Ma première rencontre avec des Africains eut lieu en Alsace, dans la région où est situé mon village d’origine, Scherlenheim. Le village est situé au nord-ouest de Strasbourg, au nord du canal de la Marne au Rhin et non loin de la rivière Zorn. Au sud s’étendent les collines du Kochersberg, et Saverne est à environ 12km à l’ouest.
Quand, en 1684, Louis XIV s’en vint faire le tour du propriétaire de ses nouvelles possessions acquises en 1648 lors du traité de Westphalie qui mettait fin à la guerre de Trente Ans, il fit un arrêt à Scherlenheim avant de remonter vers Saverne.

Ma première rencontre avec les combattants africains se produisit en 1939
A la veille de la déclaration de guerre, je me souviens que les vieux disaient : « ils nous feront rentrer la moisson et il y aura la guerre après ». Je crois que c’est le 1er septembre 1939 que fut déclenchée la mobilisation générale. Les affiches furent apposées dans différents endroits du village, et pour que tout le monde soit bien informé, le garde-champêtre était passé avec sa cloche et avait tout dit en dialecte. C’est alors que les jeunes partirent ; ne restaient plus que les vieux, les femmes et les enfants...

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